
Il est des instants qui forgent une légende. En s’imposant à l’ultime minute face à Sigean-Port-la-Nouvelle (22-18), l’Avenir Moissagais a écrit l’une des plus belles pages de son histoire, devenant champion d’Occitanie, 72 ans après. Ce triomphe, fruit d’un combat âpre et d’un engagement total, restera gravé dans les mémoires.
Le stade municipal de Revel a été le théâtre d’un combat d’hommes, d’un affrontement de volontés, d’un souffle collectif qui s’est mué, à la 81ᵉ minute, en une clameur historique. L’Avenir Moissagais, au terme d’un match haletant et indécis, décroche le titre de champion d’Occitanie.
« Un coup en haut, un coup en bas » : une finale sous tension
L’entame fut rude, nerveuse, rendue encore plus glissante par une pluie battante. Les Moissagais, fébriles, peinaient à trouver leurs repères face à un adversaire rapide et rugueux. « Comme tous les matchs de phase finale : un coup en haut, un coup en bas, les émotions au max », résumait avec justesse Nicolas Beaudonnet, coach des arrières.
Menés dès la 4e minute sur pénalité, les Tarn-et-Garonnais recollaient à la marque à la 15e grâce à Myron Dumail, avant de passer devant à la 25e, toujours sur pénalité. Une nouvelle tentative réussie portait le score à 9-3, avant que Sigean ne réduise l’écart (9-6 à la pause).
À la reprise, les deux formations se neutralisaient jusqu’à ce que Moissac ne reprenne un léger avantage (12-9 à la 58e), puis Sigean égalise. À la 67e, sous la pression moissagaise, un carton blanc et une pénalité offraient trois points précieux (15-12). Mais Sigean, tenace, égalisait une nouvelle fois à la 75e, puis prenait l’avantage à la 79e (15-18), sur une ultime pénalité.
« À la 75ᵉ, on prend un drop qui nous remet dedans. Et comme sur les deux ou trois derniers matchs, on revient chez eux, on les remet à la faute », analysait Benoît Mothes, le manager, conscient de la résilience de son groupe.
L’essai libérateur, dans le temps additionnel
L’ultime action résume l’âme de ce club. Une touche parfaitement captée, un maul porté déferlait sur 20 mètres comme une marée irrésistible, le ballon franchissait la ligne, scellant le sort de la rencontre, symbole de courage et d’unité.
« On marque un essai sur un maul porté de 20 mètres à 15. C’est l’état d’esprit de ce groupe qui ne lâche jamais rien. C’est énorme », soufflait Nicolas Beaudonnet, ému, entouré de ses proches. « On leur a dit toute l’année : travaillez, vous serez récompensés. Et ce soir, ils le sont. Quand la vie est comme ça, c’est la plus belle. »


Une œuvre collective, fruit d’un labeur patient
Cette victoire est l’aboutissement d’un chantier entamé dès le mois d’août. Les hommes de Benjamin Gilbert, Benoît Mothes et Nicolas Beaudonnet n’ont cessé de construire, d’apprendre, de se souder. « Aujourd’hui, c’est un accomplissement. Mais il fallait le valider par la victoire, parce qu’on ne se souvient que du champion », soulignait Benjamin Gilbert.
Un club incarné par l’union de ses composantes. « On vit avec un groupe extraordinaire depuis deux ans et aujourd’hui c’est le travail qui a payé avant tout et c’est eux qui sont allés se le chercher avec les tripes », expliquait Benoit Mothes. « Je suis fier de manager cette équipe, avec Nicolas, Benjamin, Damien et Jimmy. Ce travail d’ombre est aujourd’hui mis en lumière. »
Moissac en fête
La victoire a donné lieu à une liesse populaire immédiate. La bandas a enflammé le retour, les supporters ont fêté leurs héros comme il se doit. « Ce soir, on reçoit tout le club au stade », précisait Régis Lacaze, co-président. « C’est la concrétisation de dix mois de travail. On rouvre une page avec un nouveau titre, qui va être gravé à Moissac, et on continue à faire l’histoire de l’Avenir Moissagais. »
Jérôme Bruno, son homologue, ajoutait : « Je suis fier de mon club, fiers de nos couleurs, fiers de nos joueurs. L’équipe B attaque le championnat de France dès le week-end prochain. L’équipe première reprendra le 18 mai. »
La joie, immense, a débordé bien au-delà du rectangle vert. Le maire de Moissac, Romain Lopez, qui a fait le déplacement, se faisait poète pour saluer l’exploit : « De quinze, ils se sont transformés en un seul homme. Cet homme-là a envoyé balader l’adversaire comme une feuille morte. Cette victoire reflète l’état d’esprit qui transcende ce club. »
Une mobilisation populaire inédite
Tout avait commencé à l’aube. Dès 9h, les joueurs et le staff prenaient la route de Revel, accompagnés, une demi-heure plus tard, par un car de supporters complet. Plus de 250 fidèles, galvanisés, de toutes générations, ont suivi leur équipe, cœur battant, vers ce rendez-vous décisif. Une halte conviviale au lac de Saint-Ferréol, animée par la bandas et ponctuée d’un déjeuner partagé, a renforcé ce sentiment d’unité communautaire. La pluie, tombée en début d’après-midi, n’a nullement entamé la ferveur populaire.
« C’est toute une ville, tout un club qui a gagné aujourd’hui », s’enthousiasmait Benjamin Gilbert.





Un dernier mot pour les fidèles
Les entraîneurs ont tous tenu à saluer la ferveur des supporters, et notamment l’implication des femmes du club. « Depuis quinze jours, elles ont bossé comme des malades dans l’ombre pour nous faire des surprises. Elles nous ont pris aux tripes », confiait le manager, la gorge serrée.
Benjamin Gilbert, lui, conclut avec une note festive : « On va fêter les 120 ans du club le 31 mai avec sangria gratuite sur le podium. On lèvera le bouclier avec eux.»
Une célébration en grande pompe était prévue le soir même au stade, avec bandas, grand repas et bouclier brandi haut. Le club fêtera ses 120 ans le 31 mai, l’occasion idéale pour prolonger cette euphorie.
Moissac est champion d’Occitanie. Et ce n’est peut-être que le début.
La suite s’écrira dans quinze jours, en championnat de France. Mais d’ici là, place au repos bien mérité. « On a dit jusqu’à mercredi, c’est off », précisait Benjamin Gilbert. « Il faut savourer, parce que lever des boucliers sont des moments rares dans une vie de joueur ou d’entraîneur. Donc, il faut vraiment profiter. » Pour l’heure, le temps est à la fête, au souvenir, et à l’immense fierté d’un peuple tout entier uni sous les couleurs blanches et bleues.
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