Artisanat d’art : Notre-Dame renaît. Les métiers d’art aussi.

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Artisanat d art effet Notre-Dame_Crédit photo pexels-adrienn
La reconstruction de Notre-Dame de Paris a redonné vie à des métiers ancestraux, comme la charpente, la zinguerie et la facture d’orgues. Le baromètre ISM-MAAF 2024 dévoile les nouveaux enjeux et perspectives d’un secteur en pleine expansion_Crédit photo pexels-adrienn
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L’artisanat d’art et de création, longtemps gardien discret de traditions séculaires, s’impose aujourd’hui comme une force économique et culturelle dynamique. Le baromètre ISM-MAAF 2024 dévoile les nouveaux enjeux et perspectives d’un secteur en pleine expansion, notamment boosté par des initiatives patrimoniales emblématiques.

Alors que la cathédrale Notre-Dame-de-Paris a rouvert ses portes, un vent de renouveau souffle sur les métiers d’art et de création. Le dernier baromètre ISM-MAAF dévoile une dynamique exceptionnelle dans ce secteur, marquée par une attractivité record et un véritable « effet Notre-Dame » sur les formations aux métiers du patrimoine bâti. Entre 2018 et 2025, les effectifs d’apprentis dans des filières comme la charpente, la zinguerie ou la facture d’orgues ont connu des hausses spectaculaires, témoignant d’un regain d’intérêt pour ces savoir-faire ancestraux.

L’effet Notre-Dame : un catalyseur pour les métiers du patrimoine

La reconstruction de Notre-Dame-de-Paris a mis en lumière des métiers souvent méconnus, mais essentiels à la préservation du patrimoine. Selon le baromètre ISM-MAAF, les formations dans ces domaines ont vu leurs effectifs exploser. Les apprentis charpentiers ont augmenté de 44 %, tandis que les maçons spécialisés dans le bâti ancien ont presque doublé (+94 %). Des métiers de niche, comme les facteurs d’orgues (+160 %) et les vitraillistes (+72 %), attirent également de nouvelles vocations.

« Ce baromètre absolument inédit nous révèle l’attractivité des métiers d’art et de création, une attractivité accrue par l’épisode de la crise sanitaire et qui s’est traduit par le doublement des créations d’entreprise dans ces activités,» explique Catherine Elie, directrice des études ISM.

L’artisanat d’art, un secteur ancré dans les territoires

L’artisanat d’art n’est pas seulement l’affaire des grandes villes. Il est profondément enraciné dans les régions, où il perpétue des traditions séculaires. « L’artisanat d’art et de création est aussi celui de nos territoires avec des filières profondément ancrées dans nos régions et qui perpétuent des savoir-faire séculaires », rappelle Antoine Ermeneux, Directeur général de la MAAF.

La Nouvelle-Aquitaine et la Corse se distinguent comme les régions les plus dynamiques, avec une hausse moyenne de 50 % du nombre d’entreprises ces cinq dernières années. Des filières comme la bijouterie-joaillerie en Île-de-France, la facture d’orgues dans le Grand-Est ou la fabrication de sièges en Nouvelle-Aquitaine illustrent cette diversité régionale. « Une bonne nouvelle pour des métiers issus de traditions séculaires, mais qui restent emblématiques de la marque France (l’amour du geste, de la matière, de la création), mais aussi des identités territoriales,» note Catherine Elie.

Photographes et bijoutiers fantaisie en tête des créations d’entreprises

La crise sanitaire a également joué un rôle dans l’essor de l’artisanat d’art. Certains métiers, comme la photographie et la bijouterie fantaisie, ont connu un véritable boom entrepreneurial. En 2024, on compte 16 160 photographes studio et 14 590 bijoutiers fantaisie en France. À l’inverse, des métiers plus rares, comme les graveurs, les tisserands ou les tuiliers, sont en voie de disparition, ne comptant plus qu’une poignée d’artisans. « Préservation du patrimoine ancien, ou encore maroquinerie et création dans le luxe, les métiers d’art contribuent au rayonnement de la France dans le monde entier et sont dépositaires d’expertises absolument uniques, qu’il convient de valoriser et de défendre », souligne Antoine Ermeneux.

Un secteur porté par les micro-entrepreneurs

Avec 120 000 entreprises artisanales en 2024, le secteur des métiers d’art et de création est en pleine expansion. Les créations d’entreprises ont doublé entre 2017 et 2021, atteignant un niveau record de 18 000 nouvelles entreprises par an. Cette dynamique est largement portée par les micro-entrepreneurs, qui représentent 82 % des artisans indépendants du secteur. « Cette dynamique ne doit cependant pas nous faire oublier que l’immense majorité des artisans indépendants restent des micro-entrepreneurs, qui ne vivent pas forcément de leur art,» relève Catherine Elie

Paris, Marseille et Lyon en tête des villes les plus dynamiques

En termes de répartition géographique, Paris, Marseille et Lyon concentrent le plus grand nombre d’entreprises artisanales dans les métiers d’art. Cependant, des villes plus modestes comme Antibes, Avignon et La Rochelle se distinguent également par leur dynamisme.

Les métiers d’art en pleine mutation

Le baromètre ISM-MAAF révèle un secteur en pleine mutation, porté par des tendances contradictoires : d’un côté, un engouement croissant pour les métiers créatifs et patrimoniaux, de l’autre, la disparition progressive de certains savoir-faire traditionnels. Alors que l’artisanat d’art continue de rayonner à l’international, il reste confronté à des défis majeurs, notamment en matière de formation et de professionnalisation.

« Du créateur de bijoux fantaisie qui diffuse ses créations sur les marchés ou des plateformes numériques, à l’artisan joaillier prestataire des grandes maisons de la place Vendôme, il y a un cap pas toujours simple à passer : une nécessaire expertise du geste à acquérir et des marchés à conquérir, » conclut Catherine Elie.

Conclusion

Avec un « effet Notre-Dame » galvanisant et une croissance entrepreneuriale soutenue, l’artisanat d’art et de création démontre son rôle central dans l’économie et la culture française. Ce secteur, à la croisée des enjeux patrimoniaux et économiques, incarne une France créative, dévouée à la préservation de ses traditions et de ses savoir-faire, tout en leur offrant une nouvelle vitalité.

À propos de l’étude : Le baromètre ISM-MAAF est réalisé par l’Institut Supérieur des Métiers avec le soutien de MAAF. Il analyse les tendances de l’artisanat d’art et de création en France, en s’appuyant sur des données statistiques et des enquêtes de terrain. L’étude complète est disponible sur demande.

Sources : DEPP SIFA, traitement ISM – apprentis inscrits en dernière année de diplôme. INPI et Sirène 11/ 2024, traitement ISM, entreprises immatriculées en Chambre de Métiers et de l’Artisanat avec un code NAFA à dominante métier d’art, et exerçant cette activité à titre principal. Insee SIDE – Evolution du stock d’entreprises et du nombre d’entreprises créées dans un périmètre restreint * de métiers d’art repérables par leur code APE- Traitement ISM.

Crédit photo de Adrienn_Pexels

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