Un concours de polar pour rapprocher les lycéens et la police

concours polar police nationale
Photo d'illustation
natura-baies.com

Ils ont entre 15 et 18 ans. Certains écrivent seuls, d’autres à plusieurs, parfois avec leur classe. Devant eux, une page blanche. Et une consigne simple, presque déroutante : imaginer une nouvelle policière, avec un policier comme personnage principal. Pas pour réciter un discours. Pour raconter une histoire.

Ce concours s’adresse à tous les lycéens, où qu’ils soient. Dans le Tarn-et-Garonne comme ailleurs, il suffit d’avoir entre 15 et 18 ans et l’envie d’écrire. Seul, à plusieurs ou avec sa classe, chacun peut tenter l’aventure, sans frais, sans sélection préalable.

Pour la deuxième année consécutive, la police nationale relance le concours « Court Polar des Lycées », une initiative gratuite et ouverte à tous les lycéens, qui mêle écriture, lecture et dialogue. L’an dernier, plus de 700 jeunes avaient pris la plume. Cette année encore, le pari est le même : faire de la fiction un terrain de rencontre.

Écrire sans contrainte, raconter ce que l’on veut

Dans les classes participantes, l’exercice change des habitudes scolaires. « Cela change de ce que l’on fait d’habitude. On a pu écrire sans avoir de contraintes et choisir notre propre histoire », raconte Lily-Rose, lycéenne, dans une vidéo diffusée par la police nationale. Une liberté précieuse, surtout pour des jeunes parfois éloignés de l’écriture ou peu familiers du genre policier.

Ici, pas de plan imposé, pas de morale attendue. Juste une histoire à construire, du suspense à faire naître, des personnages à inventer. Entre 5 et 10 pages, individuellement ou collectivement, les lycéens ont jusqu’au 30 janvier 2026 pour rendre leur nouvelle.

Des ateliers pour apprendre à tenir le lecteur

Pour accompagner les élèves, des ateliers d’écriture sont organisés dans les lycées, avec des auteurs, des journalistes, des policiers. Des rencontres où l’on parle technique, imagination et narration, bien plus que procédure. « Pour écrire un bon polar, il faut prendre le lecteur par la main du début à la fin », explique Martin Gouesse, rédacteur en chef à France Télévisions, documentariste et écrivain. « Il faut que le lecteur ait envie de te suivre dans l’histoire que tu racontes, donc il faut d’abord l’imaginer avant d’écrire. »

Cédric Fabre, écrivain également intervenant dans une classe, invite les jeunes à creuser les ressorts humains : « Il y a toujours un élément déclencheur. Tout le monde ne passe pas à l’acte. Qu’est-ce qui fait que quelqu’un passe à l’acte et qu’un autre non ? »

Le plaisir de lire… et d’écrire

Du côté des policiers impliqués dans le projet, l’attente est simple. Franck Martins, policier retraité, le résume sans détour : « Quand je lis un polar, j’attends de prendre du plaisir. Dans le cadre du polar écrit par les lycéens, j’attends la même chose. Et comme tous les polars, j’ai envie de lire la suite. »

Pour les jeunes auteurs, l’expérience dépasse souvent le simple concours. Alice, lauréate 2025 du prix Frisson, raconte avoir dû se documenter avant d’écrire. « J’ai appris des choses sur la police parce que je ne voulais pas écrire sans avoir un minimum de connaissances. J’ai aussi appris sur moi-même. J’étais très fière de moi. » Même sentiment chez Margot, lauréate 2025 du prix Coup de cœur : « Ce qu’il faut surtout, c’est écrire comme on le sent, avec toutes ses émotions, celles qu’on est censé transmettre dans une histoire. »

Casser les idées reçues par la fiction

Au-delà de l’écriture, le concours revendique un objectif plus large : changer le regard, sans l’imposer. En permettant aux lycéens de rencontrer des policiers, des auteurs, des journalistes, le projet ouvre un espace de discussion, loin des clichés et des postures. « S’il y avait un seul conseil à leur donner, ce serait d’écrire le roman policier qui leur ressemble », résume Alain Noreck, ancien policier et écrivain. Une invitation à ne pas copier, mais à s’approprier le genre.

Un jury prestigieux et un rendez-vous à Lyon

Les meilleures nouvelles seront récompensées lors de la 22e édition de Quais du Polar, à Lyon, début avril 2026. Trois prix seront décernés : œuvre individuelle, œuvre collective et coup de cœur du jury. Un jury composé d’auteurs, de policiers, de journalistes et de personnalités aux parcours très divers, présidé cette année par l’écrivain Bernard Minier. « Découvrir de jeunes talents lycéens est une tâche que j’accueille avec une grande joie, teintée d’impatience à l’idée des textes singuliers, noirs, drôles, bouleversants ou imaginatifs que les jeunes auteurs et autrices vont nous proposer », confie-t-il.

Un stylo, une histoire, et le droit de raconter à sa manière.

Avec « Court Polar des Lycées », la police nationale ne cherche pas à convaincre, mais à dialoguer autrement. En laissant les jeunes écrire, douter, inventer, parfois questionner. Et en rappelant qu’avant d’être un outil pédagogique ou un concours, l’écriture reste un espace de liberté.

Pour les lycéens du territoire, le concours est ouvert. Il ne demande ni talent particulier, ni regard préformaté. Juste une histoire à inventer, une voix à trouver. Et peut-être, au détour d’une page, une autre façon de regarder la police… ou de se regarder soi-même.

Pour en savoir plus sur le concours « Court Polar des Lycées » et les modalités de participation, les informations sont disponibles sur le site de la police nationale : https://www.police-nationale.interieur.gouv.fr/actualite/2e-edition-du-court-polar-prix-litteraire-des-lyceens

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Emilie BOTTIN
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