Castelsarrasin. Rassemblement aéronautique à Gandalou : un hommage au patrimoine aérien

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Rassemblement aeronautique Gandalou_JDJ
Les passionnés réunis devant le Bréguet XIV, icône intemporelle de l'aviation, lors du rassemblement aéronautique à l'aérodrome de Gandalou. Un moment fort, témoignant de l'engagement pour la préservation du patrimoine aérien_JDJ
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Hier midi, l’aérodrome de Gandalou s’est animé d’une effervescence inhabituelle. En effet, un rassemblement d’aéronefs classiques, dits « traîne-queue », a réuni pas moins de 55 participants, certains ayant parcouru plus de 100 kilomètres pour assister à cet événement. Le moment le plus attendu par les passionnés fut le vol du légendaire Bréguet XIV, un appareil qui a marqué l’histoire de l’aviation.

Une mobilisation d’envergure avec des avions « emblématiques, rares et intéressants »

Dès 11h30, une multitude d’avions commençaient à se poser sur l’aérodrome, témoignant de l’ampleur de l’événement. L’association Espace Aéronautique Culturel, sous la direction de Messieurs Luc Gimazane et François de Guiringaud, avait travaillé d’arrache-pied pendant plusieurs semaines pour organiser ce rassemblement. Cet effort a permis d’accueillir des passionnés et leurs avions, souvent qualifiés par Monsieur de Guiringaud comme « emblématiques, rares et intéressants ». Parmi les appareils présents figuraient des modèles ayant marqué l’histoire de l’aéronautique, tels que le Broussard, le Bücker, le Stearman ou encore le PA19.

Des avions chargés d’histoire

Chaque participant avait une histoire singulière à raconter, liant leur passion à leur avion, avec pour objectif commun de préserver ce patrimoine aéronautique. Annie Lassechere, membre de l’association Les Ailes Limousines, pilote le Broussard, un avion construit par Max Holste en 1958. Utilisé initialement par l’aviation légère de l’armée de terre, il était basé à Montauban avant d’être récupéré en 1986 par Michel Vidal, membre de l’aéroclub de Castelsarrasin-Moissac. Ce dernier l’a ensuite fait passer dans le domaine civil, en assurant son entretien et en l’utilisant pour divers vols, y compris le largage de parachutistes. En 1995, l’avion est transféré à Limoges au sein de l’association Les Ailes Limousines, qui veille à le faire voler depuis 2008. Annie témoigne de l’importance de maintenir cet avion en état de vol : « C’est un avion qui vole bien, avec une constance moteur. Je le fais voler le plus souvent possible. ». Annie recherchait l’authenticité et l’aspect historique avec le Broussard, un avion emblématique piloté en Algérie par le commandant Claude Clostermann, surnommé « Premier chasseur de France ». « Nous sommes toute une équipe pour maintenir en état de vol le patrimoine vivant français », ajoute-t-elle.

Michel Vidal explique que cet appareil est souvent perçu comme un avion « d’homme », ce qui fait sourire Annie. « On l’appelle le kangourou, en raison de son système d’amortissage à lame rigide, qui le fait rebondir à l’atterrissage. Il est coquin, il faut le tenir jusqu’au bout mais on y arrive très bien », confie-t-elle.

Des aéronefs singuliers

Parmi les autres appareils d’intérêt, un Maule, avion STOL (Short Take-Off and Landing), attirait l’attention. Cet avion de brousse, appartenant à Jean-Maurice Jubert, avait été récupéré par un ami venant du Gabon. Passionné de montagne, Monsieur Jubert apprécie cet avion américain pour sa capacité à se poser sur des terrains difficiles et courts, notamment dans les Pyrénées. « C’est un avion très particulier, il peut voler sans porte et est toujours fabriqué à Moultry en Géorgie (États-Unis) depuis 40 ans, sans aucune évolution majeure », explique-t-il. Cet appareil, avec ses grosses roues, est également convertible en cargo, ce qui en fait un outil polyvalent pour les passionnés « bien qu’il soit très sensible au vent de travers », indique Monsieur Jubert.

Un autre avion emblématique présent sur le tarmac était le Bücker, conçu en 1934 pour la formation des pilotes militaires en Allemagne. Cet avion, nous est présenté par Gilles Tatry, son propriétaire, qui a consacré quatre années, de 2004 à 2008, à la reconstruction d’un modèle espagnol. Ce biplan rouge représente une véritable histoire d’amour pour Gilles : « Le jour où j’ai volé seul dessus, c’était le plus beau jour de ma vie. 45 ans après, j’en ai reconstruit un, c’est une histoire d’amour », raconte-t-il avec émotion. Il se souvient de ses débuts dans la voltige, dans les années 80, sur un avion capturé pendant la guerre, appartenant à Lucien Biancotto, champion de voltige française et son instructeur. Un jour, il lui a confié la mission de piloter seul cet appareil jusqu’à un aérodrome. « Je n’avais jamais démarré, ni fait décoller ou atterrir cet avion. Ce fut une expérience inoubliable », se rappelle-t-il.

Le PA19, un avion de légende

Le PA19, construit par Piper, était également bien représenté avec pas moins de quatre appareils. Ce modèle a été livré à 350 exemplaires en France. Franck Verbrugge, qui possède l’un de ces appareils en livrée ALAT de 1952, décrit cet avion métallique recouvert de toile, équipé d’un moteur de 90 chevaux, comme étant particulièrement robuste et maniable. « Cet avion était utilisé comme avion de liaison et d’observation », explique-t-il. Le PA-19 est un cas particulier en France, les L-18C livrés à l’Aviation légère de l’Armée de terre française (90 CV et sans volets) ayant reçu l’appellation PA-19 lorsqu’ils ont été versés au registre civil.

Une rencontre marquée par l’émotion

Parmi les invités, Manou Tornade, fille de l’acteur Pierre Tornade, connu pour ses rôles dans La 7e compagnie et Le Petit Baigneur, ainsi que pour avoir doublé la voix d’Obélix et d’Avrel Dalton, a partagé une anecdote émouvante. Venue à Gandalou par hasard il y a quatre ans, elle découvre un avion dont le carnet de bord portait le nom de son père. Pour elle, c’était un signe : « Cet avion était à vendre depuis la veille, je l’ai immédiatement acheté. Mon père était un passionné et m’a transmis cette passion », raconte-t-elle. Cette passion lui a également permis de rencontrer son mari.

Un succès qui en appelle d’autres

Enfin, à 15h, le Bréguet XIV a pris son envol sous le regard émerveillé des participants. Monsieur Gimazane, président de l’association et chef de vol du Bréguet XIV, se réjouit du succès de cette journée : « C’est parti d’une idée simple, mais l’organisation a été lourde administrativement », admet-il. Monsieur de Guiringaud, quant à lui, a travaillé avec rigueur pour que tout soit conforme aux règles en vigueur, malgré une législation de plus en plus stricte. « Nous sommes une petite association qui s’efforce de maintenir le patrimoine historique en état, notamment avec une pièce unique au monde, le Bréguet XIV », ajoute-t-il.

Une passion commune pour un patrimoine vivant

Cette belle journée, sous un soleil radieux, a réuni des passionnés partageant tous l’amour de l’aviation et le désir de préserver ce patrimoine vivant. Ce fût un témoignage de la passion indéfectible qui anime chaque propriétaire, chaque pilote, et chaque passionné d’aéronautique présent. Chacun des appareils raconte une histoire, une aventure humaine faite de patience, de dévouement et de respect pour un patrimoine précieux.

C’est cet esprit, fait de respect pour l’histoire et de désir de la maintenir vivante, qui a donné à cette journée tout son éclat. En rassemblant ces passionnés autour de leur intérêt commun, l’Espace Aéronautique Culturel de Gandalou a su créer un moment de partage, où chaque échange, participait à la préservation et à la célébration d’un héritage inestimable. Ce lien indéfectible entre passé et présent, entre histoire et passion, fait de cet événement un hommage au patrimoine aérien et à ceux qui s’engagent, jour après jour, à le faire vivre.

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