
Il y a des week-ends où tout roule, et d’autres où il faut se battre pour chaque mètre parcouru. À Nogaro, la Team 188 n’a rien lâché. Quentin Mercier au guidon, Alec Moguet au harnais : un duo soudé, valeureux, embarqué dans une manche de FSBK où la mécanique leur a livré un combat sans merci.
Une préparation sous tension
Tout avait pourtant été mis en œuvre pour entamer ce week-end sous de bons auspices. Depuis les soucis rencontrés à Magny-Cours en Promosport, le side-car avait été remis sur roues grâce à un roulage salvateur chez le Team Lavergnac. « Ils nous ont laissé la moitié de leurs sessions afin de tester le side-car » explique Alec.
Rampe à injection prêtée, châssis testé, optimisme retrouvé. La Team 188 débarquait à Nogaro avec l’envie d’en découdre, et la certitude d’avoir franchi un cap technique.
Mais dès le vendredi matin, la machine grince. Littéralement. Le moteur ne donne pas tout, le verdict tombe : la rampe à injection est trop récente pour le bloc moteur. « L’ouverture des gaz n’est qu’à 60 %… On décide de remettre la nôtre » raconte Alec. Retour en urgence à l’ancienne configuration. Puis, coup de massue : juste avant le contrôle technique, une soudure du châssis cède. Panique. Il faut trouver un poste à souder. Et vite. Grâce à l’aide inespérée d’amis fidèles, le side est ressuscité in extremis. La solidarité du paddock vient déjà de sauver la première manche. Ou presque.
Samedi noir : deux abandons, mille efforts
Le ciel s’assombrit, la pluie s’invite. 8h10, première qualif. Trois tours. Puis black-out. Le châssis s’arrête sans prévenir. Pas de défaut visible. Le moteur redémarre comme si de rien n’était. Frustrant, incompréhensible. 14h : tentative de départ en course. À la pré-grille, le moteur coupe net. « Fin de manche pour nous… ». Rideau. Deuxième abandon. Deuxième claque.
Mais la Team 188 refuse de plier. Les outils ressortent, les mains s’activent. Les concurrents deviennent alliés. Prêt de pièces, conseils, bras tendus : « Team Vinet Racing 17, Vittoz’s Team, Cédric Chevalier, Ted Peugeot, Vincent, Stéphane Morel, Dezosmoto… tous répondent présents » souligne Alec. Ensemble, ils reconstruisent un espoir. À 22h30, les derniers boulons sont serrés. Épuisés, les visages tirés, mais le side est prêt.
Dimanche : au bout du calvaire, un drapeau à damier
Dimanche, 8h30. Deuxième séance de qualifications. L’angoisse au ventre, Quentin et Alec prennent la piste. Cette fois, pas d’incident. Le chrono n’est pas flamboyant, mais le side roule. C’est déjà une victoire. 14h, seconde course. Norbert Surault veille en pit-lane, parapluie à la main, véritable « umbrella boy » d’un équipage qui n’a plus rien à perdre. Le départ est donné. Cette fois, le duo passe le damier. Enfin.
La performance est en retrait, le podium F2 semble presque anecdotique. Et pourtant, cette troisième place a le goût d’une médaille d’or. Car derrière ce résultat se cache une démonstration de résilience, de passion, et de solidarité.
Le revers de la médaille
Ce week-end gersois contraste brutalement avec la belle reprise de Magny-Cours, un mois plus tôt. Là-bas, malgré une année loin des circuits et une maternité récente, Alec signait un retour courageux. Le duo s’offrait une victoire en F2, un chrono à quelques centièmes de leur record, et surtout une sensation de plaisir retrouvé. À Nogaro, c’est l’endurance mentale qui a pris le relais.
L’esprit du sport
Le sport mécanique n’est jamais une simple affaire de vitesse. C’est une histoire de sueur, d’huile, de solidarité, de nuits blanches et de départs incertains. À Nogaro, la Team 188 a incarné cet esprit dans toute sa noblesse. On retiendra moins les chiffres que la rage d’y croire, les regards fatigués, mais fiers, les poignées de main dans les box, et ce podium arraché au chaos.
Les yeux sont désormais tournés vers la prochaine manche. Avec, dans le cœur, une flamme qui, elle, ne connaît jamais la panne.
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