Depuis plusieurs années, la crise du système de santé en France s’intensifie. Les fermetures, partielles ou totales, des services d’urgence se multiplient, tandis que les professionnels de santé alertent sur un risque imminent de rupture dans la prise en charge des patients. Cependant, à Moissac, la direction de l’hôpital, accompagnée d’élus locaux, refuse de céder au fatalisme. Une note d’espoir se profile avec le projet de restructuration du Centre Hospitalier Intercommunal de Castelsarrasin-Moissac (CHICM), porté par Jacques Cabrières, directeur de l’établissement, en collaboration avec Romain Lopez et Daniel Botta, respectivement président et vice-président du conseil de surveillance. Ce projet a pour objectif d’insuffler une dynamique nouvelle et de garantir un service de santé moderne, pérenne et efficient à la population locale.
Un projet de restructuration pour dynamiser l’hôpital de Moissac
Le bassin de santé de l’ouest du Tarn-et-Garonne, qui regroupe environ 80 000 habitants, avec la centrale nucléaire de Golfech située à seulement 20 km, nécessite une infrastructure hospitalière solide. L’hôpital de Moissac, structure essentielle de ce territoire, voit dans ce projet de restructuration une opportunité vitale pour assurer son avenir.
Modernisation du plateau technique et amélioration de la prise en charge des patients
Le projet de restructuration repose sur trois piliers essentiels : la modernisation du plateau technique, la réorganisation des services en réponse aux nouveaux enjeux de santé publique, et le développement de la prise en charge ambulatoire. Le bloc opératoire, cœur de l’activité chirurgicale, bénéficiera d’une remise à niveau complète, et les chambres seront rénovées pour offrir majoritairement des espaces individuels, conformément aux exigences sanitaires post-pandémiques.
Cette restructuration permettra également d’optimiser les ressources du personnel auprès des patients sur un même plateau. « Regrouper les unités médico-chirurgicales sur un même niveau, au lieu de deux, permettra aux équipes d’être disponibles plus rapidement auprès des patients », détaille Jacques Cabrières. « Si notre hôpital veut continuer à répondre aux besoins de la zone, nous devons avoir un projet de restructuration adapté à notre site. »
Réduction de la pression sur les urgences : une priorité pour l’hôpital de Moissac
Un autre axe important est la réduction de la pression sur les urgences. L’admission directe des patients âgés, à mobilité réduite ou en situation de handicap, sans passer par les services d’urgence, sera facilitée. Cette mesure, qui répond aux besoins spécifiques des populations vulnérables, permettra de fluidifier les parcours de soins et d’améliorer la qualité de la prise en charge.
Ce projet intervient après la restructuration complète des urgences il y a quelques années. Ce n’est pas un projet purement technique, il s’agit véritablement de la volonté des équipes de pouvoir répondre au mieux, après ces différents travaux, aux besoins de la population. « Ce projet de restructuration est avant tout le fruit d’une volonté commune des équipes médicales et soignantes », insiste Jacques Cabrières.
Le projet de restructuration inclut également l’acquisition de nouveaux équipements. « Nous avons aussi la volonté que notre service d’imagerie puisse se développer au-delà du scanner. Notre territoire a également besoin d’une IRM, et cela fait partie d’un projet qui paraît nécessaire pour les prochaines années », explique le directeur.
Un acteur clé de la santé dans l’ouest du Tarn-et-Garonne
En 2023, l’hôpital a accueilli 2 800 séjours médico-chirurgicaux (hors hospitalisation à domicile) et dispose de 350 lits pour les EHPAD et les unités de soins de longue durée. Le CHICM reste un acteur majeur de la santé dans l’ouest du Tarn-et-Garonne, irriguant tout le réseau des maisons de santé pluridisciplinaires et des centres de santé.
Aujourd’hui, l’hôpital de Moissac propose des services de médecine générale, gériatrique, ainsi que de chirurgie orthopédique, traumatologique et digestive, avec un plateau technique comprenant un scanner, un mammographe et un service d’urgences actif. Il accueille des consultations générales et spécialisées avec des spécialistes de Moissac, mais aussi de Montauban et Toulouse, pour diverses disciplines pédiatriques, neurologiques ou oncologiques. La présence d’un professeur de Toulouse, venu renforcer l’équipe orthopédique, valorise les compétences du personnel et du plateau technique.
Attirer des médecins : «17 % des patients potentiels n’ont pas de médecin traitant. »
Cependant, comme le souligne Daniel Botta, « construire des murs ne suffit pas. Il faut également attirer des médecins ». Tous sont conscients qu’un hôpital modernisé, avec des infrastructures performantes, est un atout supplémentaire pour attirer des médecins. L’ouest du département rencontre de grandes difficultés en ce qui concerne la médecine de ville ou de campagne. Ces difficultés ont été mises en évidence il y a une quinzaine d’années, mais rien n’a été fait, déplore-t-on. « Nous arrivons à un point où 17 % des patients potentiels n’ont pas de médecin traitant. »
Financement de la restructuration : un enjeu crucial
Ce plan, estimé à environ 9 millions d’euros, pourrait être financé à hauteur de 50 % par l’Agence Régionale de Santé (ARS). L’hôpital devra donc financer les 4 millions d’euros restants sur ses fonds propres, ce qui pose un défi de taille. « La capacité d’emprunt est limitée et je ne souhaite pas obérer davantage la capacité d’endettement de l’établissement », précise le directeur. Parmi les solutions envisagées, la vente des deux bâtiments de l’ancien EHPAD de Moissac à l’EPCI Terre des Confluences devrait générer une recette exceptionnelle. Néanmoins, il reste nécessaire d’obtenir le soutien des collectivités locales pour boucler le plan de financement. Selon Daniel Botta, « La population et le personnel méritent un tel investissement, et il est logique que toutes les collectivités participent à cet effort. » Des démarches ont été entreprises auprès des quatre communautés de communes qui composent le bassin de santé de l’hôpital ainsi qu’auprès du conseil départemental.
Le soutien des collectivités locales : une nécessité pour la survie de l’hôpital
Un engagement de principe a déjà été obtenu de la communauté de communes Terre des Confluences. Toutefois, Michel Weil, président du conseil départemental, a exprimé certaines réserves, arguant qu’il s’agit d’une compétence de l’état. Romain Lopez, lors de l’assemblée plénière du 17 octobre, lui a réitéré l’importance stratégique de cet hôpital pour le département. Comme il le rappelle, « la participation, même symbolique, des collectivités sera un acte politique fort, prouvant leur attachement à l’hôpital et à la viabilité du projet ».
« Aidez-nous ! » : un appel à l’aide pour garantir la pérennité de l’hôpital de Moissac
Alors que l’importance d’avoir à proximité ce type de spécialités se confirme pour le territoire, Daniel Botta exprime une certaine frustration : « C’est parfois difficile, car en face, nous avons des murs. Des obstacles difficiles à surmonter, mais nous essayons. Nous nous battons à partir des incohérences que nous constatons face à nous. » En effet, le gouvernement vote le budget de la nation chaque année, et malheureusement, la santé ne fait pas partie des grandes priorités, ce qui se répercute sur les établissements de proximité, souligne Romain Lopez.
La restructuration de l’hôpital de Moissac se présente comme un projet encourageant et porteur d’espoir pour l’avenir des soins de proximité dans la région. Cependant, comme le souligne Romain Lopez, ce projet ne pourra se concrétiser sans la concorde des collectivités locales, prêtes à prouver leur attachement à cet établissement essentiel. « Ce projet présenté par le directeur est encourageant et nécessite la concorde de toutes les collectivités prêtes à crier leur amour de l’hôpital. Mais en amour, il n’y a que les preuves qui comptent, sinon l’amour n’est pas durable. Il faut le prouver. C’est pour cela que l’on fait appel à ces collectivités. Prouvez-le, aidez-nous ! » rappelle-t-il.
L’heure est donc venue pour ces acteurs de démontrer concrètement leur soutien, afin de garantir un avenir pérenne à cette structure de santé indispensable. L’hôpital de Moissac, véritable pilier de la santé dans l’ouest du Tarn-et-Garonne, ne peut relever ces défis sans un engagement fort et durable de toutes les parties prenantes.
Pour ne rien manquer de nos prochaines publications, n’hésitez pas à vous abonner à notre page Facebook.