
Dimanche matin, c’est dès l’aube que Moissac s’est éveillée, au rythme de la Pentecôte et de ses traditions immuables. Alors que le soleil hésite encore à se lever sur les toits tranquilles, l’effervescence règne déjà au local des marins. L’odeur du pain chaud et de l’anis emplit les rues, signal discret, mais certain : la fête a commencé.
À 4h20, les marins sont sur le pont. Mickaël Lanöé, figure fidèle de l’association, orchestre avec calme et détermination la récolte des pains bénis. Trois cents pains à l’anis, préparés avec soin par les artisans boulangers de Moissac – Mecoen, Combarieu, Oh Petits Blés, Le Fournil – sont collectés un à un, avec la précision d’un rituel appris dès le plus jeune âge. « Tout était prêt », dit simplement Mickaël, le regard rivé sur les gestes répétés, transmis aux petits marins qui observent et apprennent, en silence et en confiance.






La bénédiction du pain par l’abbé Hoan : « Grâce à vous, on parle de Moissac jusqu’au loin… »
À sept heures, le moment sacré : l’abbé Pierre Hoan rejoint le local. Dans la lumière douce du matin, il bénit les pains, entouré des marins, émus et rassemblés. Une prière est dite pour les marins disparus. Puis l’abbé s’adresse à ceux qui perpétuent ce geste :
« Vous avez beaucoup travaillé, vous vous êtes levés très tôt. Mais pour maintenir une tradition, il faut des sacrifices. Et vous avez donné de votre temps pour que vive cette belle coutume. Grâce à vous, on parle de Moissac jusqu’au loin… Je suis fier de vous connaître. »
Un moment de silence suit. Puis, comme un signal, les derniers préparatifs s’accélèrent. Les pains bénis sont répartis, les chars finissent d’être décorés. Les jeunes marins s’affairent. Revigorés par un petit-déjeuner collectif, tous s’élancent dans la ville.












Départ du cortège et distribution dans toute la ville
Il est 9h00 quand les chars quittent le local, tirés par deux tracteurs et par Roxane, la percheronne majestueuse déjà remarquée la veille lors du transport du mai. La jument, calme et puissante, capte les regards des enfants et fait sourire les anciens. Elle semble, elle aussi, faire partie de la tradition.
Les points de distribution sont nombreux : place des Récollets, église Saint-Jacques, Intermarché. D’autres équipes s’élancent vers les quartiers du Sarlac, de Saint-Benoît, du centre-ville. Moissac s’anime, les habitants sortent, certains attendent sur le pas de leur porte, d’autres viennent à la rencontre des chars. Le pain béni est proposé, toujours avec un mot, un sourire, un souvenir échangé. C’est un geste simple, mais il porte avec lui l’histoire d’un territoire.
En cette matinée de Pentecôte, la ville s’anime dans un même élan. D’un quartier à l’autre, les gestes se répètent, porteurs de mémoire, de transmission et de lien entre les générations. À Moissac, la tradition ne se regarde pas, elle se vit.
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