À Castelsarrasin, un futur habitat partagé pour autistes prend racine

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Plantation symbolique d’un chêne sur le terrain de 7 000 m² à Castelsarrasin, où six logements accompagnés pour adultes autistes verront le jour d'ici à trois ans. Un geste fort pour l’avenir, porté par l’association Espérance Bleue 82. Crédit photo JDJ
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Inauguration d’un projet pilote d’habitat partagé pour adultes autistes en Tarn-et-Garonne

Le samedi 3 mai 2025, sous un soleil complice, une centaine de personnes se sont réunies face à l’hippodrome de Castelsarrasin pour célébrer une étape fondatrice : l’inauguration officielle du terrain qui accueillera bientôt un habitat partagé et accompagné pour jeunes adultes autistes. Cette initiative ambitieuse, portée par l’association Espérance Bleue 82, marque un tournant dans la prise en charge du handicap en milieu ordinaire. Familles, élus, mécènes et bénévoles se sont retrouvés autour d’un buffet soigné et d’une ambiance festive, témoignant d’un enthousiasme partagé.

Un projet né de l’amour et de la détermination parentale

« L’espérance, c’est la confiance dans la réalisation de nos projets », a rappelé avec émotion Anne Rouleau, présidente de l’association, dans un discours vibrant de sincérité. Fondée en 2020 par quatre familles de Tarn-et-Garonne, Espérance Bleue 82 est née d’une urgence : offrir des solutions concrètes et humaines à des jeunes adultes autistes, souvent oubliés des dispositifs classiques. Reconnue d’intérêt général depuis 2022, l’association compte aujourd’hui 215 adhérents et développe des initiatives à la fois innovantes et ancrées localement.

Deux colocations inclusives sont déjà en activité, l’une à Castelsarrasin, l’autre à Moissac, dans lesquelles les résidents bénéficient d’un accompagnement bienveillant et d’une vie au cœur de la cité. Grâce à cela, les résidents gagnent en autonomie tout en évitant l’isolement des structures spécialisées. À cela s’ajoutent un programme de job coaching personnalisé, illustré par le parcours d’un jeune passionné de restauration rapide actuellement en stage au McDonald’s local, et un projet apicole primé – « Api Autisme » – où les jeunes participent activement à la production et à la vente de miel.

L’ancrage territorial au cœur de l’inclusion

Ce 3 mai, les élus ont répondu présents en nombre, soulignant l’ancrage local fort de l’initiative. Le maire de Castelsarrasin, Jean-Philippe Bésiers, a salué un projet qui « n’est pas uniquement castelsarrasinois, mais bien un projet de territoire », insistant sur la dimension symbolique de cette réalisation. « Aujourd’hui, c’est un peu la naissance d’un enfant qu’on a longtemps attendu, un enfant différent, mais porteur de tant d’espérances », a-t-il déclaré, rappelant combien ce combat touche toutes les familles et appelle à une société plus attentive et solidaire.

Dans le prolongement de cette prise de parole, David Gasquet, vice-président de l’association, a livré un témoignage poignant : « Nous, parents d’enfants autistes, nous posons tous la même question : que deviendra notre enfant quand nous ne serons plus là ? » Cette inquiétude a donné naissance à un terrain de 7 000 m², financé grâce aux dons et au mécénat, sur lequel seront construits six appartements T2 dotés d’une pièce de vie collective. Une architecture pensée pour conjuguer autonomie, vie privée et partage.

À cette occasion, le Lion’s Club a également manifesté son soutien en remettant un chèque de 7 500 euros à l’association, saluant la portée sociale et humaine de cette initiative.

Une initiative soutenue par les institutions

L’implication des institutions n’a pas manqué. Marie Castro, vice-présidente de la Région Occitanie, a souligné combien « la question du handicap reste structurellement sous-dotée » mais combien « ces projets donnent de la joie et de l’espoir ». De son côté, Stéphanie Gayet, attachée parlementaire de la députée Marine Hamelet, a transmis un message d’admiration : « Dans un monde où l’inclusion reste trop souvent un idéal lointain, vous prouvez qu’il est possible d’agir concrètement, localement et humainement. Vous portez une vision forte et juste, celui d’une société qui n’exclut personne, qui accueille la différence et qui soutient les plus vulnérables. Vous montrez que la détermination, l’inquiétude et l’amour des parents peuvent abattre des montagnes d’obstacles. »

Ce message, porté à l’unisson par les élus, souligne la portée nationale de cette démarche. L’habitat partagé d’Espérance Bleue se veut une vitrine de l’innovation sociale en matière de handicap, appelant à sa duplication sur d’autres territoires.

Une communauté mobilisée : « Quand on veut, on peut ».

L’événement a également été l’occasion de rappeler l’importance du tissu associatif et des soutiens citoyens. Vente de miel, de vins de Bordeaux au profit de l’association, appels aux adhésions : chaque geste compte pour faire vivre cette dynamique collective. « C’est grâce à vous tous, adhérents, mécènes, bénévoles, que ce projet devient réalité », a insisté Anne Rouleau, saluée par une salve d’applaudissements nourris.

En guise de symbole, les jeunes autistes présents ont planté un chêne vert sur le terrain, promesse d’enracinement durable et d’avenir fertile.

Un modèle visionnaire qui prend racine

Avec cette inauguration, Espérance Bleue 82 n’a pas seulement ouvert un chantier : elle a semé les graines d’une société plus juste, où chacun, quelles que soient ses différences, trouve sa place. Ce projet, né d’une inquiétude intime, devient une réponse collective, solidaire et profondément humaine. Comme l’a résumé avec justesse David Gasquet, « ici sera une vitrine nationale pour le handicap. Et peut-être même pour d’autres causes. »

Et si ce modèle essaimait partout en France ?

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