
Ils ont entre 14 et 17 ans. Pour beaucoup, ils n’avaient jamais franchi les portes d’un tribunal. Ce mardi soir, ce sont eux qui ont investi le prétoire du tribunal de proximité de Castelsarrasin, non pas comme spectateurs, mais comme acteurs, au sens le plus fort du terme.
Pendant plusieurs semaines, dix-sept jeunes venus des quartiers de Moissac se sont plongés dans un projet ambitieux : porter sur scène un texte inspiré de l’affaire Calas, à partir des écrits de Voltaire. Un défi théâtral, historique et humain, mené sans expérience préalable, mais avec une implication saluée par l’ensemble des partenaires présents.
Un texte exigeant, un travail collectif
S’attaquer à une œuvre du XVIIIᵉ siècle n’a rien d’évident, encore moins à cet âge. Apprendre le texte, comprendre le contexte, trouver le ton juste, se déplacer dans un espace aussi solennel qu’un tribunal : tout a été travaillé, répété, ajusté. Depuis novembre, les répétitions se sont enchaînées dans ce même lieu, transformé peu à peu en scène de théâtre.
Pour nourrir leur jeu, les jeunes ont aussi vécu des temps forts en dehors des répétitions. En octobre, ils se sont rendus à Toulouse pour assister à une conférence de l’historien Jacky Bena sur l’affaire Calas. Quelques jours plus tard, un déplacement à Oradour-sur-Glane leur a permis de réfléchir aux conséquences de l’intolérance et de la violence à travers l’histoire. Autant d’étapes qui ont donné de la profondeur à leur interprétation.
Une première sur scène, dans un lieu chargé de sens
Le soir de la représentation, la tension était palpable. Costumes d’époque enfilés, regards concentrés, silence dans la salle. Puis les mots de Voltaire ont résonné dans le tribunal. L’histoire de Jean Calas, accusé sans preuve et condamné à tort, prenait corps à travers les voix des adolescents.
Le public a découvert une pièce sobre, intense, portée par une jeunesse investie. Les jeunes acteurs ont su transmettre une émotion sincère, loin du simple exercice scolaire. « Ils ont travaillé dur pour s’approprier ce texte », soulignait le préfet Vincent Roberti, impressionné par leur engagement et leur sérieux.
À l’issue de la représentation, les dix-sept jeunes et leurs encadrantes ont reçu une distinction remise par l’Association nationale des membres de l’Ordre national du Mérite de Tarn-et-Garonne, saluant un travail collectif exigeant et un engagement mené avec sérieux tout au long du projet. La soirée n’aurait pas été possible sans une mobilisation large : associations locales, éducateurs, animateurs, institution judiciaire, historiens et bénévoles. Tous ont œuvré pour accompagner les jeunes, les encadrer et leur permettre de mener ce projet jusqu’au bout.




Un projet pensé dans la durée
Cette représentation s’inscrit dans un parcours plus large intitulé Sur les traces de la République : des visages, des lieux, un devoir de transmission — un projet qui se déploie sur plusieurs mois et qui continuera en 2026 autour d’un nouveau thème : la Résistance, avec un travail mené notamment sur le maquis d’Ornano.
Pour Erick Lebrun, président de la section départementale de l’Association nationale de l’Ordre national du Mérite, le message est clair : « Assimiler un texte théâtral en quelques semaines, monter sur scène sans expérience préalable et porter un message fort : voilà qui force l’admiration. Cette expérience accompagnera ces jeunes bien au-delà de cette soirée.
Une jeunesse qui s’engage
Au-delà de la performance théâtrale, c’est surtout le parcours de ces adolescents qui a marqué les esprits. Leur sérieux, leur curiosité et leur capacité à se saisir d’un sujet complexe montrent combien ce type de projet peut être un levier puissant de transmission et de confiance.
Ce soir-là, dans un tribunal transformé en scène, ils n’ont pas seulement joué un texte : ils ont démontré qu’avec de l’accompagnement, de l’exigence et du temps, la jeunesse sait répondre présent.
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