Depuis trois semaines, le colonel Jérôme Christ a pris la tête de la base de défense de Montauban et de la délégation militaire départementale du Tarn-et-Garonne. Un défi de taille, mais qu’il relève avec enthousiasme et une volonté affirmée de tisser des liens forts avec les unités militaires et les acteurs locaux. Après plus de 30 ans de service, à la carrière riche et variée, il arrive avec la ferme intention de mettre son expérience au service de la région.
Une arrivée marquée par un accueil chaleureux
Dès son arrivée, le colonel Jérôme Christ a ressenti une véritable bienveillance à son égard. « Ça se passe bien, même très bien », confie-t-il, un sourire aux lèvres. L’accueil qui lui a été réservé, tant par son état-major que par les unités de Montauban, ainsi que par les autorités locales, a facilité sa prise de fonction. « L’arrivée d’un nouveau chef est toujours un petit événement », reconnaît-il humblement, tout en admettant qu’il lui faut encore du temps pour maîtriser pleinement son environnement : « Je prends toujours mes marques, on ne fait pas le tour du sujet en quelques jours. »
Ce temps d’adaptation, il le consacre à mieux comprendre les dynamiques locales, à établir des relations de confiance et à saisir les attentes des différentes parties prenantes. « S’insérer dans un nouvel environnement, c’est avant tout comprendre les besoins des autres », souligne-t-il, conscient des enjeux liés à sa mission.
Commandant et délégué militaire : deux rôles indissociables
La mission du colonel Jérôme Christ est double et exigeante. D’une part, en tant que commandant de la base de défense, il est chargé de coordonner le soutien logistique et opérationnel à toutes les unités militaires stationnées dans le Tarn-et-Garonne. « Mon rôle est très tourné vers les unités stationnées ici. Cela m’oblige à avoir un regard complet en interne, sur le fonctionnement, principalement de l’armée de terre », explique-t-il. Sa mission inclut également un soutien au CIRFA et à la délégation militaire départementale de Cahors, dans le Lot.
D’autre part, sa fonction de délégué militaire départemental l’oblige à regarder vers l’extérieur et à renforcer le lien armée-nation. Ce rôle revêt une importance particulière pour le colonel Christ, qui participe activement aux cérémonies, commémorations et autres événements symboliques, jalonnant l’année et servant de pont entre les armées et les pouvoirs publics. « On voit beaucoup la partie protocolaire, qui est la partie visible de l’iceberg, mais il y a aussi un travail moins perceptible de relations avec les autorités civiles et les acteurs locaux. » Ces deux missions, bien que différentes, se complètent parfaitement selon lui. « Ce sont deux missions complémentaires. C’est toujours lorsqu’on prend les responsabilités que l’on comprend pleinement ce que cela représente », conclut-il.
Un parcours marqué par le service et l’engagement
Le parcours de Jérôme Christ, riche en responsabilités, s’inscrit dans une tradition familiale du service militaire. Le colonel Christ a opté pour une préparation militaire qui lui a permis de reporter son incorporation jusqu’à la fin de ses études. « J’ai fini mes études à 25 ans. Quinze jours après avoir soutenu mon diplôme je partais faire mon service militaire », raconte-t-il.
Le colonel a derrière lui une carrière exemplaire, marquée par une diversité d’expériences. Il débute en tant qu’appelé aspirant à Lunéville, à l’Est de la France sans jamais en sortir : « il s’est quelque peu prolongé » dit-il avec humour. « J’ai commencé comme chef de peloton de chars de bataille avec sous mes ordres quatre chars et équipages, tous composés de jeunes appelés que j’ai accompagnés durant leur vie militaire. Ils sont repartis au civil. Pas moi », se souvient-il. Une expérience marquante qui a jeté les bases de sa passion pour le commandement.
Après ses débuts dans un régiment à Lunéville, il poursuit sa carrière en passant par l’École d’application, où il perfectionne ses compétences. Il devient par la suite lieutenant, chef de peloton, puis officier adjoint dans un escadron à Montmélian et à Olivet. Rapidement, il se distingue et prend les rênes d’un escadron de chars Leclerc, le fleuron de l’armée de terre.
« Après l’École de guerre, j’ai été rattrapé par mes diplômes »
Son ascension continue avec l’obtention du diplôme d’état-major, couronnée par son admission à l’École de guerre. Il a toujours eu une attirance pour ce métier « même si mes études ne m’y ont pas conduites directement » raconte-t-il. En effet, il est issu des classes préparatoires scientifiques. Prudent de nature, il a préféré choisir un diplôme d’ingénieur en Génie chimique offrant plus de débouchés. « Après l’École de guerre, j’ai été rattrapé par mes diplômes » dit-il. Son parcours le mène à des fonctions hautement stratégiques, notamment au sein de la défense nucléaire et de la dissuasion chimique (NRBC). Il sert au deuxième régiment de dragons, une unité spécialisée dans les interventions NBC (nucléaire, biologique, chimique), et prend part à des programmes d’armement. Il occupe ensuite le poste d’officier de programme à la section technique de l’armée de Terre, puis à l’État-Major des Armées pendant neuf ans. En 2018, il réintègre la section technique de l’armée de Terre, avant de devenir sous-directeur de cette même section.
En 2022, il est nommé chef de corps, assumant la responsabilité du fonctionnement et du soutien ce qui l’a naturellement conduit à rejoindre les métiers du soutien de la Base de Défense (BdD). « Cette nouvelle fonction est une suite logique à mon parcours », souligne-t-il.
« Les métiers du soutien sont essentiels et porteurs d’une vraie noblesse.»
S’il y a bien une chose qui anime le colonel Christ, c’est le sens du service. « Les métiers du soutien sont essentiels et porteurs d’une vraie noblesse. Se mettre au service des autres, sans attendre de retour », affirme-t-il avec conviction. Pour lui, les valeurs militaires telles que l’esprit de corps et la fraternité d’armes sont des éléments essentiels du fonctionnement de l’armée. « L’armée est souvent perçue comme une structure rigide, mais l’humain est au cœur de tout », rappelle-t-il, conscient de l’importance des relations humaines dans ce milieu.
Dans son nouveau poste, il aspire à maintenir cette dynamique. « J’aime les relations humaines. C’est vraiment ce qui est au cœur de notre métier. Être utile aux unités pour qu’elles puissent accomplir leurs missions, c’est ce qui me plaît et ce qui me pousse à rester au sein des armées, même après plus de 30 ans de service. »
« Je fais le tour de toutes les unités »
Aujourd’hui, il découvre les unités : « Je fais le tour de toutes les unités. Les relations sont très bonnes grâce au travail de mon prédécesseur, le colonel Fabrice Duda », dit-il. Il doit prendre en compte tous leurs besoins et attentes vis-à-vis de l’état-major afin de leur apporter un maximum de réponses positives, même si, malheureusement, tout n’est pas toujours possible.
Le colonel Jérôme Christ découvre peu à peu le Tarn-et-Garonne. Originaire d’une autre région, il est attaché au Sud-Ouest et à la culture occitane, mais il n’avait jamais résidé ici. « Jusqu’à présent, je ne faisais que le traverser », avoue-t-il avec franchise. Aujourd’hui, il prend le temps de s’imprégner de l’environnement social, économique et administratif local. « S’insérer dans le tissu social et économique est nouveau pour moi, mais c’est essentiel. Nous devenons des partenaires des municipalités et de la préfecture, et cela crée des occasions de coopération. »
En parallèle, son amour pour le rugby lui permet de se rapprocher encore davantage de la culture locale. « J’ai assisté à un match de l’USM récemment, et en tant qu’ancien joueur, c’est un vrai plaisir de retrouver l’ambiance du rugby ici, au cœur du Sud-Ouest. »
Les défis à venir et les ambitions pour la base : « Je ne peux pas faire moins »
Le colonel Jérôme Christ est bien conscient des défis qui l’attendent, notamment la réorganisation des armées à l’horizon 2025. « Il va falloir accompagner cette réorganisation tout en maintenant les relations que mon prédécesseur a tissées. Je ne peux pas faire moins », affirme-t-il avec une détermination tranquille.
Par ailleurs, un rapprochement avec la base de défense de Toulouse est évoqué, mais reste encore au stade de projet. « Pour l’instant, rien n’est décidé, mais cela pourrait orienter nos actions en 2024 et 2025. »
S’il avoue qu’il ne mesurait pas complètement l’étendue de ses nouvelles responsabilités avant d’accepter ce poste, il se dit satisfait de ce choix. « Ce ne sont peut-être pas des postes qui font rêver, mais je me sens à ma place ici. Après 19 ans en région parisienne, j’apprécie la douceur de vivre de Montauban et de la région Occitanie. C’est un autre rythme, mais cela ne veut pas dire qu’on travaille moins. »
Le colonel Jérôme Christ, avec son expérience et son engagement profond, entend bien s’inscrire dans la continuité de ses prédécesseurs tout en apportant sa touche personnelle. Face aux défis qui l’attendent, il garde un cap clair : se mettre au service des unités militaires et des autorités locales, et ainsi renforcer ce lien si précieux entre l’armée et la nation. À Montauban, il a trouvé un cadre propice à cet engagement, et avec l’humilité qui le caractérise, il exprime une gratitude sincère : « Je me dis que j’ai de la chance d’être ici. »
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