Rencontre avec Cat chien policier à Montauban

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Rencontre avec Cat chien policer à Montauban_JDJ
Le brigadier-chef Renaud et sa fidèle compagne Cat, immortalisés lors d’une paisible promenade dans le parc, posent avec complicité. Crédit photo JDJ
regime minceur

Il n’est nul besoin d’attendre la Journée mondiale du chien pour rendre hommage à nos compagnons à quatre pattes. Qu’ils soient chiens de compagnie ou chiens de travail, leur présence et leur dévouement marquent profondément nos vies. Parmi eux, certains œuvrent quotidiennement à notre sécurité. C’est le cas de Cataleya – nommée « Cat » pour le travail – et de son maître, le brigadier-chef Renaud, membres de l’unité cynophile de la police nationale de Montauban.

Dans les allées discrètes de l’unité cynophile de la police nationale, bat un cœur à quatre pattes. Elle s’appelle Cataleya, une chienne au passé difficile, devenue partenaire fidèle et protectrice dévouée. Car ici, il ne s’agit pas seulement d’intervention et de discipline, mais d’une alchimie rare entre un homme et son chien, entre devoir et affection.

Un parcours forgé dans l’expérience et la passion

Dans un métier exigeant où chaque geste peut être décisif, ce duo incarne la force tranquille, la rigueur du service et la tendresse d’un lien construit au fil des jours, dans l’ombre des missions, mais à la lumière d’une passion intacte.

Fort de 25 années de service dans la police, le brigadier-chef Renaud débute sa carrière en 2000 en région parisienne, avant de rejoindre le Tarn-et-Garonne en 2007. Il cumule alors 22 ans de service sur la voie publique : Police-Secours, brigade anticriminalité, interventions de jour comme de nuit. Mais c’est en 2021 qu’il embrasse enfin une vocation longtemps nourrie : celle de maître-chien.
« Ma passion pour les chiens remonte à l’armée, lors d’un passage en gendarmerie. Mais à l’époque, la vie de famille m’a rattrapé », confie-t-il.

À Montauban, la structure cynophile est modeste : trois chiens pour six policiers. Une configuration qui reflète la rareté de ces unités en région Occitanie, où seules Toulouse, Montpellier, Perpignan et Montauban en disposent.

Deux branches, un même engagement

La police nationale cynophile repose sur deux piliers : la défense et protection, et la recherche et olfaction. « Ce sont deux métiers bien distincts », insiste le brigadier-chef. Contrairement à la gendarmerie, où les chiens peuvent être polyvalents, ceux de la police sont spécialisés.
Le quotidien de Cat ? Soutien aux collègues en opération, dissuasion, sécurisation, contrôle lors d’événements culturels ou festifs, « c’est le cœur du métier » indique le brigadier-chef.

Cat, de l’abandon à l’uniforme

Cat n’est pas une chienne comme les autres. Née en février 2020 en région lyonnaise, elle entre dans la police à la suite d’une saisie judiciaire.
« Elle vivait sur un balcon, inapprochable. Mais elle a passé les tests, les examens… Aujourd’hui, c’est une fonctionnaire de police à part entière », raconte fièrement le brigadier, un sourire aux lèvres.
Fine, vive, 22 kg de courage et de volonté, Cat impressionne autant par son efficacité que par sa combativité. Bien que faisant partie des plus petits gabarits autorisés, elle ne fait pas de doute sur son efficacité.

Une sélection exigeante et un entraînement permanent

Peu de chiens intègrent les unités cynophiles. Le recrutement est drastique. « La plupart ont un passé difficile et présentent des difficultés comportementales mais on les transforme en qualité. Ce qui est une problématique dans la vie civile devient une qualité pour nous », explique le brigadier.

Les chiens intégrés à l’unité cynophile proviennent de divers horizons : certains sont issus de refuges, d’autres confiés par des propriétaires dépassés, ou encore saisis dans le cadre de procédures judiciaires comme Cat ; tous présentent un fort tempérament, parfois incompatible avec une vie de famille.

S’entraîner chaque semaine pour rester opérationnels

La formation d’un chien policier dure environ six mois, parfois un an.  L’unité cynophile de Montauban travaille en coordination étroite avec le Centre régional de formation des unités canines (CRFUC) basé à Toulouse. « Chaque semaine, Cat participe à une session d’entraînement sous l’œil vigilant d’un moniteur, elle travaille avec un dresseur et un homme d’attaque dans des mises en situation réalistes. » Ce suivi régulier permet une remise à niveau constante. « Tous les quinze jours, c’est comme repasser une évaluation. C’est très encadré. S’il y a le moindre problème, on analyse, on corrige, on ne laisse rien au hasard », explique le brigadier-chef. « Le suivi est permanent, du recrutement à la retraite », précise-t-il.

Des interventions encadrées et proportionnées

Les chiens interviennent selon des règles strictes. Cat peut agir à deux niveaux d’intensité : « Notre chien, en venant en soutien de nos collègues, a la possibilité d’un usage à deux intensités : muselé – ce qui est une spécificité française – et, en cas de délit avéré ou de crime, alors ce sera avec un chien démuselé », précise le Brigadier-chef Renaud. « Nous sommes d’abord dans la défense de collègues, de nous-même, ou de tout le monde avant une intervention. C’est une action défensive en premier. »

Chaque action repose sur une lecture comportementale fine : « On est le miroir du comportement que l’on a en face de nous. Nous devons donc avoir une réponse adéquate. »

Une efficacité dans la dissuasion, loin des clichés

Contrairement aux images souvent véhiculées, l’intervention d’un chien policier ne rime pas systématiquement avec morsure ou confrontation. « Un chien est un outil, au même titre qu’un bâton ou un pistolet, mais sa mise en œuvre est toujours réfléchie. On privilégie d’abord d’autres moyens, pour ne pas exposer inutilement l’animal à des blessures », explique le brigadier-chef. Cat n’a d’ailleurs jamais eu à intervenir en situation de mordant : « Elle excelle dans la dissuasion, ce qui est justement la marque d’un chien bien formé. » Car faire usage du chien n’est jamais anodin : « Dès lors qu’un chien mord ou cause un dommage, une enquête est systématiquement ouverte. Nous devons justifier notre action, car le chien est juridiquement considéré comme une arme par destination. C’est très encadré. » Une réalité méconnue, qui souligne la responsabilité constante du conducteur. « Cat, comme tout bon policier, n’a pas d’état de service. Et c’est justement parce qu’elle est trés efficace », dit le brigadier Renaud.

Une vie rythmée, encadrée, respectueuse du bien-être animal

Contrairement aux idées reçues, le chien ne travaille pas en continu. « On privilégie le bien-être animal à l’opérationnel. Si le maître-chien considère que son chien est trop sollicité ou fatigué, il sera alors remplacé par un autre chien. »

Le temps de travail comprend donc également les moments de détente : « Ce n’est pas du non-stop… sont compris les balades, les entraînements, les visites chez le vétérinaire… on va faire le travail prévu mais on va intégrer toutes ces phases-là. »

Une vocation au-delà de la mission

Devenir maître-chien ne relève ni du hasard ni d’un simple choix de carrière : c’est une vocation exigeante qui demande rigueur, engagement et passion. « C’est un métier de passionné. On est policier, et on y ajoute la passion du chien. »

Avant d’intégrer une unité cynophile, le parcours est balisé : deux années de titularisation sont requises, suivies d’épreuves sportives sélectives, d’un entretien devant un jury, puis d’une session d’évaluation en tenue d’homme d’attaque. Ce n’est qu’après avoir franchi ces étapes que le candidat est admis à un stage intensif de trois mois dans le Centre national de formation des unités cynophiles (CNFUC) ou l’une de ses antennes régionales. Le brigadier-chef Renaud insiste sur l’importance de l’humilité et de la remise en question permanente. « Nous travaillons avec des êtres vivants. Rien n’est jamais figé. Chaque jour, nous devons nous adapter. C’est ce qui rend ce métier passionnant. »

« Ce n’est pas un simple poste, c’est une spécialisation », affirme-t-il. « En tant que conducteur cynophile, nous sommes responsables de notre chien : on doit en prendre soin. »

Dans ce binôme, l’homme et l’animal se construisent mutuellement. La patience, l’écoute et la régularité façonnent une relation d’une rare intensité. « Ce sont deux ans de travail pour faire réagir Cat à une interaction, un ordre, avoir un lien afin que celui soit le plus fort possible entre l’animal et le conducteur », confie-t-il.

Une complicité au-delà du service

Mais derrière la discipline se cache une relation profondément émotionnelle. « C’est une remise en question permanente de nous-même, de notre travail, de notre approche… mais c’est aussi un rappel de rester humble ; c’est le plus passionnant de notre métier. »

Et lorsqu’on lui demande ce qui le touche le plus dans cette mission, le brigadier-chef ne cache pas son émotion : « Je pense que le point le plus important, quelles que soient les difficultés de la vacation que j’ai pu avoir, c’est lorsque je passe 10-15 minutes avec elle, de jeux ou de câlins. Ça me fait tout oublier, les difficultés du métier et des situations compliquées dans lesquelles on peut être. »

La retraite, un droit sacré pour les chiens policiers

Lorsqu’un chien atteint l’âge de sept ans, il entame une phase de « déconditionnement » pour préparer son retour à la vie civile.
« L’euthanasie est une exception absolue. On met tout en œuvre pour offrir une seconde vie à nos chiens », souligne le brigadier. Plusieurs options s’offrent donc à l’animal : il peut rejoindre une famille d’accueil soigneusement sélectionnée, partir en famille chez son conducteur ou un collègue, ou, en cas de difficulté particulière, être pris en charge par des structures spécialisées. Parmi elles, la pension marseillaise Un toit pour Erros, gérée par d’anciens cynophiles, œuvre à l’accueil de chiens de service ne pouvant pas revenir à la vie civile classique. Le brigadier, lui, a déjà pris sa décision : « Si je le peux, je garderai Cat avec moi. »
Il reste lucide sur les dérives possibles : « Nous sommes très vigilants sur leur avenir. Il est impératif que ces chiens ne soient jamais réutilisés à des fins de sécurité. Ils ont donné leur vie au service public. Ils ont droit à leur repos. »

Dans l’ombre des interventions, des concerts, des manifestations, Cat veille. Silencieuse, déterminée, loyale. Et à ses côtés, un homme qui, chaque matin, retrouve en elle la force de croire en son métier.

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EBO
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