Tarn-et-Garonne. L’ONaCVG à la recherche des psycho-traumatisés de guerre (TSPT)

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psycho traumatisés de guerre Tarn-et-Garonne TSPT_Crédit photo Freepik
L’Office National des combattants et victimes de guerre (ONaCVG) intensifie actuellement ses efforts pour identifier et soutenir les soldats blessés psychiques, en particulier ceux qui, en dépit des dispositifs de prise en charge, pourraient avoir échappé à l’attention des services de santé._Crédit photo Freepik
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L’Office National des combattants et victimes de guerre (ONaCVG) du Tarn-et-Garonne intensifie actuellement ses efforts pour identifier et soutenir les soldats blessés, en particulier ceux qui, en dépit des dispositifs de prise en charge, pourraient avoir échappé à l’attention des services de santé. Cette démarche est cruciale pour tendre la main à ceux qui, souvent dans l’ombre, vivent avec des blessures invisibles.

Un quart des militaires ayant servi en zone de conflit souffrent du trouble de stress post-traumatique (TSPT)

Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est un enjeu majeur. En effet, près d’un quart des militaires ayant servi en zone de conflit en souffrent. Ces traumatismes psychiques peuvent se manifester longtemps après l’événement traumatisant, parfois des décennies plus tard.

Pour illustrer ce phénomène, un ancien soldat, Marc*, témoigne de son expérience personnelle. Dans son cas, c’est le massacre du Bataclan qui a ravivé les horreurs vécues lors du génocide rwandais. Les souvenirs, les odeurs et les bruits, autrefois enfouis, se sont imposés avec une intensité dévastatrice. « Il m’a fait avoir des réminiscences de ce que j’ai vu lors du génocide du Rwanda, témoigne-t-il, nous n’étions pas prêts à voir cela. » Ce retour à un état « mode soldat » s’accompagne d’une hypervigilance qui éclipse tout le reste. Cette transformation psychologique engendre des répercussions profondes sur sa vie familiale, modifiant les interactions quotidiennes en sources de tension. « Nous ne sommes plus les mêmes », affirme-t-il, conscient des effets dévastateurs que ces troubles peuvent avoir sur ses proches.

Comprendre le TSPT

Les manifestations du TSPT sont variées et souvent méconnues, pouvant transformer le quotidien en un véritable parcours d’obstacles.

Parmi les signes les plus fréquents, on observe des intrusions récurrentes, telles que des souvenirs perturbants et vivaces de l’événement traumatique, des cauchemars incessants et une forte détresse émotionnelle à l’approche des dates anniversaires associées aux événements.

À ce tableau s’ajoutent des perturbations cognitives et émotionnelles significatives : perte de mémoire partielle des détails du traumatisme (amnésie dissociative), croyances négatives sur soi-même ou les autres, et sentiment de honte, de peur, voire de colère persistante. Beaucoup rapportent aussi un manque d’intérêt pour les activités appréciées autrefois et une sensation d’isolement profond, caractérisée par l’incapacité de ressentir des émotions positives. Sur le plan physique, des symptômes comme des troubles du sommeil, l’irritabilité, une hyper vigilance constante, ou encore une réponse de sursaut exacerbée sont fréquents, rendant difficile l’accomplissement des tâches quotidiennes. L’intensité et la diversité de ces symptômes montrent combien il est crucial de proposer une prise en charge adaptée.

Isolement et addiction accompagnent souvent le TSPT

Le parcours de Marc révèle également les dangers d’isolement et d’addiction qui accompagnent souvent le TSPT. L’alcool et la violence peuvent devenir des échappatoires, des moyens de fuir une douleur insupportable. La désocialisation, fréquente chez ceux qui souffrent de ces troubles, peut entraîner une spirale descendante où la peur et l’anxiété isolent encore plus la personne.

Il raconte qu’après son retour à la vie civile, il a passé deux ans sans réussir à exprimer ses difficultés. Cette réticence a laissé place à l’agressivité et à la violence, impactant profondément son milieu professionnel. Ce n’est qu’en 2017, lors d’une visite médicale, qu’il a trouvé le courage de parler de ses troubles, une démarche qui a conduit à une prise en charge vitale. « Nous avons des envies de suicide. Cela traverse l’esprit sans arrêt. Je ne rentrais plus dans les magasins faisant des crises de panique lorsqu’il y avait du monde » raconte marc, illustrant l’intensité de ses symptômes et l’urgence d’une intervention adaptée.

95 % des blessés suivis par le service départemental souffrent de troubles psychologiques

Un accompagnement au cœur des besoins des victimes est essentiel. L’ONaCVG, en tant qu’institution dédiée, s’efforce de répondre aux besoins des blessés de guerre et des victimes d’attentats terroristes. Son action s’étend au-delà des simples soins médicaux, englobant un soutien moral, administratif et financier qui se veut holistique. Dans le département du Tarn-et-Garonne, près de 95 % des blessés suivis par le service départemental souffrent de troubles psychologiques. Ces chiffres illustrent l’ampleur d’un phénomène qui mérite une attention soutenue et un accompagnement adapté.

« Pour tous ceux qui souffrent de ces troubles, il est impératif de se rapprocher de personnes ou de médecins militaires », insiste-t-il. Son expérience avec des psychologues militaires, formés pour détecter rapidement les troubles psychologiques, a été essentielle à sa guérison.

Au fil du temps, Marc a appris à gérer ses réminiscences traumatiques. Malgré un nouveau déclencheur l’année dernière avec les émeutes urbaines ravivant les souvenirs d’une mission au Zaïre en 1991, il a su puiser dans les ressources acquises pour affronter ses émotions. Le soutien du milieu associatif et des programmes de réhabilitation favorisant le partage d’expériences, a également joué un rôle dans son parcours de guérison. « J’aurais pu finir en prison, voir pire. Certains trouvent une échappatoire dans le sport, pour moi ce fut le monde associatif avec des gens qui avaient vécu ou compris ce que je vivais » raconte-t-il.

La communication, quant à elle, s’est révélée cruciale. Parler lui a permis de se reconnecter avec lui-même et de commencer un chemin vers la guérison.

Au-delà des clichés : reconnaître et comprendre le TSPT des soldats

Briser les stéréotypes et favoriser la compréhension est une nécessité. Il est essentiel de ne pas banaliser ces troubles. Les stéréotypes qui entourent le comportement des personnes touchées, tels que « il a un mauvais caractère » ou « il a changé », peuvent masquer la souffrance réelle et les défis que ces individus rencontrent au quotidien. Une prise de conscience collective est donc nécessaire pour créer un environnement où ces voix peuvent être entendues sans jugement. Des traitements et des prises en charge existent, et il est primordial d’encourager ceux qui souffrent à se tourner vers des professionnels compétents.

Des initiatives qui accompagnent les militaires dans la résilience

Les Maisons Athos, dispositif d’accompagnement créé par l’Armée de terre en 2021 pour aider les militaires « blessés psychiques » à se reconstruire et le challenge sportif « Ad Victoriam » qui propose aux militaires blessés de participer à des activités adaptées tout au long de l’année, sont vécus comme une « décompression ». Ils offrent un espace de dialogue où chacun peut aborder ses expériences sans crainte de jugement. Ces moments de partage, souligne Marc, « m’enlèvent le stress du quotidien et cela fait du bien. Je ne suis plus dans ma routine où j’ai l’impression que je ne peux plus rien faire et où je me sens inutile ».

Appel à l’action : ne restez pas seul

L’ONaCVG lance un appel sincère à tous les militaires blessés et aux victimes d’attentats, ainsi qu’à leurs familles et amis. Ne restez pas isolés face à cette épreuve. Les services de l’ONaCVG à Montauban, ainsi que les Maisons France Services, sont à votre disposition pour offrir le soutien dont vous avez besoin. Pour toute information ou pour bénéficier d’une aide, n’hésitez pas à contacter l’ONaCVG de Tarn-et-Garonne au 05 36 00 01 32 ou par courriel à l’adresse suivante : sd82@onacvg.fr.

Accorder une attention particulière aux signaux d’alerte

Marc conclut en affirmant que, bien que le chemin vers la guérison soit long et semé d’embûches, une lueur d’espoir existe. Cependant, il insiste sur la nécessité de rester vigilant et attentif aux signaux d’alerte, tant pour soi-même que pour autrui. Il pense que le nombre de soldats vivant avec des troubles non détectés est important et il souligne l’urgence d’encourager le dialogue et la compréhension afin de surmonter les défis posés par le TSPT.Aujourd’hui, il s’efforce d’aider les autres, conscient que la parole libère : « Tout cela je n’aurais jamais pu le dire avant » confie-t-il « je me sentirai mieux ce soir d’avoir témoigné ».

Un chemin difficile mais porteur d’espoir

Le récit de Marc est un poignant témoignage de la résilience humaine. Il incarne l’espoir et la force de ceux qui choisissent de briser le silence.

La prise de conscience collective des symptômes du TSPT et l’accès à une aide adaptée sont des éléments essentiels pour favoriser une guérison durable. L’ONaCVG joue un rôle déterminant dans ce processus, et son appel à l’action se veut un message clair : aucune personne ne devrait affronter seule les conséquences d’un traumatisme. La vigilance de tous est nécessaire pour détecter et soutenir ceux qui ont traversé des épreuves difficiles, afin de garantir qu’aucun soldat ni aucune victime du terrorisme ne reste dans l’ombre.

* Le prénom a été changé afin de garantir l’anonymat.

Crédit photo : Image by freepik

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