Moissac a connu, samedi 29 novembre, une effervescence peu habituelle. La venue de Jordan Bardella pour présenter son second ouvrage, Ce que veulent les Français, a attiré un public nombreux dès les premières heures de la matinée. Avant même l’ouverture de la salle, plusieurs dizaines de personnes patientaient déjà devant le Hall de Paris, parfois depuis 7 heures, bien que la séance ne débute officiellement qu’à 13 heures.
Au fil de la journée, plus d’un millier de visiteurs se sont succédé pour repartir avec un livre signé, une photo ou échanger quelques mots avec le président du Rassemblement national. Dans un territoire où le parti réalise des scores élevés depuis plusieurs scrutins, l’événement a logiquement suscité un intérêt marqué, mêlant soutiens, curieux et simples lecteurs.
À Moissac, Bardella évoque l’accueil du public et « une forte attente »
Quand Jordan Bardella fait son entrée dans le Hall de Paris, la salle réagit immédiatement : une Marseillaise spontanée s’élève, suivie d’un « Jordan président » lancé par une partie du public. L’atmosphère est dense, entre ferveur, curiosité et cliquetis des téléphones déjà levés. Quelques minutes plus tard, avant les signatures, l’eurodéputé répond aux journalistes.
Interrogé d’abord sur sa venue à Moissac, il dit retrouver ici « ce que les Français [lui] confient tous les jours » lors de ses déplacements. Le Tarn-et-Garonne, assure-t-il, n’échappe pas à cette dynamique : « Ici, nos idées progressent. Je me réjouis que les Français nous lisent. »
À la question de savoir s’il se sent « en terrain conquis », il nuance mais constate une forte attente : « Il y a ici une fierté française, une défense des traditions, de l’identité… et un ras-le-bol fiscal. Nos réponses trouvent un écho. »
À l’extérieur, près de 80 manifestants, selon la gendarmerie, dénoncent sa présence. Bardella réagit en estimant qu’« une minorité » s’oppose jusqu’à « manifester contre un livre », ce qu’il juge préoccupant.
Jordan Bardella, leader naturel des droites en vue de 2027 ?
Vient ensuite un échange plus politique, autour de son livre Ce que veulent les Français. Nous lui demandons s’il cherche, à travers ce portrait des actifs, retraités et catégories populaires, à se poser comme leader naturel des droites en vue de 2027.
Jordan Bardella ne botte pas en touche : « Je souhaite parler à toute la France du travail. Beaucoup d’électeurs de droite sont orphelins d’un leader, d’un espoir. Je veux leur tendre la main. » Il évoque aussi « une majorité silencieuse » partageant ses thèmes — identité, fiscalité, immigration — tout en soulignant qu’il veut « s’adresser à tous les Français, pas seulement à la droite ».
L’échange se termine sur la jeunesse, très visible dans la file. Le président du Rassemblement National affirme voir « une jeunesse patriote, attachée à ses valeurs et inquiète de l’insécurité ». « Si ce n’est pas eux qui prennent le destin du pays en main, personne ne le fera », ajoute-t-il, avant de conclure : « On leur propose un avenir dans un pays fier de son histoire, où l’on puisse sortir en sécurité. »
Dans le hall, les premiers lecteurs poussent doucement vers la scène. La Marseillaise n’est plus chantée, mais l’attente reste palpable : la séance de dédicaces peut commencer.
Dans la file d’attente, un jeune lecteur de 13 ans
Parmi les nombreux visiteurs, Tony, 13 ans, attend patiemment son tour, livre en main et petite banderole tricolore posée sur la barrière où il s’appuie. Lui fait partie des premiers arrivés. « Je suis là depuis 7 h 30 », explique-t-il avec sérieux. Il est venu pour une dédicace, et “par conviction”, dit-il.
« J’aime la France et je suis patriote. Mes parents aussi, même si on n’a pas toujours les mêmes idées. Depuis tout petit, je veux défendre mon pays. » Avec lui, il garde précieusement l’ouvrage de Jordan Bardella, mais aussi… quelques pages qu’il a lui-même écrites. « Je prépare un programme politique depuis cinq mois. J’aimerais qu’il le signe aussi », ajoute le collégien, visiblement fier d’être là.
Manifestation et incident isolé
Tout au long de l’après-midi, la file d’attente n’a pas désempli à l’intérieur du Hall. À l’extérieur, l’ambiance était plus contrastée.
Devant la mairie puis à proximité du Hall de Paris, des manifestants ont exprimé leur opposition à la venue du président du RN, sous l’impulsion notamment de la CGT. Les slogans, scandés régulièrement, sont restés cantonnés à un périmètre bien défini et l’ensemble du rassemblement s’est déroulé sans incident majeur.
C’est dans ce contexte qu’un incident isolé a éclaté à l’intérieur, vers 15 h 30. Un homme a profité d’un mouvement dans la file pour s’approcher du président du RN et lui lancer un œuf sur la tête. Il a été rapidement maîtrisé par les forces de l’ordre et placé en garde à vue. La séance, interrompue une vingtaine de minutes, a repris ensuite dans le calme. Dans la soirée, Jordan Bardella a indiqué sur le réseau X qu’il allait bien et a remercié « les centaines de lecteurs » pour leur accueil.
Une étape locale dans une tournée nationale
Cette venue à Moissac s’inscrit dans une série de déplacements destinés à promouvoir son livre, mais aussi — plus largement — à occuper le terrain politique à deux ans d’une présidentielle où son nom circule avec insistance. Dans un département où le Rassemblement national progresse régulièrement, l’affluence observée samedi constitue un signal politique autant qu’un succès éditorial.
Foule importante, public jeune très présent, manifestation d’opposants, incident isolé : la journée a condensé, à sa manière, la polarisation de l’époque. Mais elle a aussi révélé autre chose : la capacité d’un simple rendez-vous littéraire à mobiliser largement, bien au-delà des cercles militants.
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