
Bilan de fin de mandat. Rencontre avec Jean-Philippe Bésiers, maire de Castelsarrasin.
Au terme de son deuxième mandat, Jean-Philippe Bésiers ouvre la porte de son bureau non pas pour parler de chiffres, mais d’histoires humaines. Comme un trait d’union, ces douze années l’ont mené d’un bout à l’autre de Castelsarrasin, entre projets menés à bout de souffle et vision tournée vers l’avenir.
Castelsarrasin, 15 000 habitants au cœur du Tarn-et-Garonne, illustre parfaitement le défi des villes moyennes : moderniser sans perdre son âme, renforcer son attractivité sans fragiliser son équilibre budgétaire. À l’heure du bilan, le maire de Castelsarrasin revendique une décennie d’action continue, guidée par l’humain autant que par la gestion : « Nous avons vibré pour chaque projet, eu peur pour chaque projet, transpiré pour chaque projet… Chaque projet est une naissance. »
« Un mandat de concrétisation, un trait d’union »
Lorsqu’on demande à Jean-Philippe Bésiers de résumer ses mandats, l’image fuse : « Un mandat de la réalisation, un mandat de la concrétisation de beaucoup de projets que nous avons initiés, non seulement lors du précédent mandat, mais de celui-ci. Mais je crois que c’est… c’est un trait d’union qui s’est fait sur ces douze ans. » Douze années pendant lesquelles il a vu ses projets devenir palpables, après le temps d’attente et de préparation nécessaires. « Un projet, quand vous le lancez, ça prend toujours deux ou trois ans. Il faut préparer les dossiers, rassembler les bonnes volontés », explique-t-il, la voix empreinte de cette patience conquise.
Entre écoles, Pôle Enfance et Banel
Parmi ces projets, l’ouverture, début 2020, des écoles Simone Veil et Eugène Redon reste un moment fort, presque symbolique. Sortant à peine de la crise sanitaire du Covid, la ville avait besoin de souffle et de renouveau. « Il y a eu une forte mobilisation, des équipes et des partenaires, pour l’ouverture de ces deux écoles, progressivement entre 2020 et 2021. »
Autre symbole : le Pôle Enfance, inauguré en juin dernier qui incarne six ans d’efforts continus, de la gestation du projet à la concrétisation. « On a réfléchi à ce que la population voulait, on a travaillé le moindre détail », précise-t-il. La même logique s’est appliquée à d’autres équipements : la Maison d’Espagne qui a vu le jour en 2021, les nouveaux locaux pour la police municipale, les travaux du cimetière…
Et puis, il y a Banel. En janvier 2025, le conseil municipal a validé le projet Banel, un plan d’aménagement sur dix ans mêlant logement, accueil et environnement. Un cap stratégique plus qu’un simple programme de chantiers. « Ce sera un travail de dix ans. Banel, c’est une projection de la commune sur l’avenir, sur l’accueil, le logement, l’environnement. »
Réformer la mairie, réveiller la communauté de communes
Pour Jean-Philippe Bésiers, ces projets n’auraient pas pu voir le jour sans une administration modernisée : « Mettre l’administration au goût du jour. Trouver une équipe qui soit raccord avec les objectifs, notre façon de fonctionner… On a eu la chance d’avoir les bonnes personnes au bon moment pour réaliser les bons projets. »
Il souligne aussi un travail collectif au-delà de la ville : « Dès 2014, on a souhaité avec nos collègues maires réveiller la communauté de communes… Il y avait un projet attendu depuis très longtemps, le centre aquatique Conflu’O. Nous y sommes arrivés. »
Faire plus avec moins
Gouverner, c’est aussi composer avec des contraintes et des choix difficiles. Rareté des moyens oblige : en douze ans, la ville a dû absorber une baisse de 10 millions d’euros de dotations de l’État. « Nous avons servi 15 000 habitants avec 33 élus et 300 agents, sans augmenter les impôts », rappelle-t-il.
Pour tenir ce cap, la municipalité a misé sur la rigueur budgétaire et sur l’appui de dispositifs comme Action Cœur de Ville et la Banque des Territoires. Résultat : des équipements neufs et sobres énergétiquement – géothermie, LED, matériaux performants –, permettant de dégager des marges pour d’autres projets.
Mais l’élu ne se contente pas de gérer : il prépare la suite. Attirer de nouvelles familles, rénover le centre-ville, développer le logement et la mobilité sont les priorités affichées. « Il faut que Castelsarrasin s’ouvre, qu’elle accueille des familles, des actifs, des ingénieurs qui veulent fuir les grandes métropoles. »
Un programme de rénovation urbaine (OPAH-RU) doit s’attaquer à la vacance foncière : « On doit se réapproprier le centre-ville. Ces outils financiers permettront d’accompagner les propriétaires et de renforcer l’attractivité. »
Décider malgré l’impopularité : « Il a fallu expliquer, rassurer »
Certaines mesures ont suscité débats et crispations, comme l’extinction nocturne de l’éclairage public, en réponse à la crise énergétique. « Il a fallu expliquer, rassurer. Mais la sécurité n’a pas reculé et nous avons réalisé des économies. La sécurité, elle, n’a pas reculé. »
Une illustration, selon lui, des ajustements nécessaires pour faire face, sans céder à l’immobilisme : adaptation, pragmatisme et pédagogie. « Notre responsabilité, c’est toujours de réfléchir à comment servir le plus grand nombre », souligne le maire.
Un maire de terrain, habité par sa ville
Plus que le gestionnaire, c’est l’homme de terrain qui transparaît. Jean-Philippe Bésiers revendique une proximité quotidienne. Il raconte les balades en ville « par besoin de vivre cette ville ». Il connaît chaque recoin, s’arrête, salue, retient les problèmes et les prénoms. « Je passe souvent en ville, je me promène. C’est une ville qui m’a vu naître il y a bientôt 57 ans. C’est un attachement viscéral. »
Cet engagement intense l’oblige à trouver un équilibre fragile entre fonction et vie personnelle : « Il faut garder un moment pour respirer, pour les siens. »
Regarder devant, plutôt que derrière
À la question de son avenir politique, le maire reste évasif : « Les choses s’écriront au fil du temps. Ma priorité, c’est d’achever ce mandat. »
Mais déjà se dessine la suite : attirer de nouvelles familles, renforcer le parc de logements, améliorer la mobilité, revitaliser le centre avec un programme d’amélioration de l’habitat.
Son ambition n’est pas de voir son nom gravé mais de laisser des traces concrètes : « Ce qui compte, ce n’est pas la plaque commémorative, mais la qualité de vie offerte aux habitants. »
Bilan ou état d’esprit ?
« Je me lève chaque matin avec des idées. Si je ralentis, mes équipes ralentissent. Si j’avance, elles avancent. »
En une phrase, l’élu résume plus d’une décennie de mandat : le mouvement, la ténacité, l’élan. Pour lui, gouverner n’est pas une fonction figée, mais un moteur collectif.
Et Castelsarrasin, conclut-il, continuera de l’accompagner dans ce mouvement – quel que soit, demain, le nom sur la porte du bureau de maire.
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