
Ils s’appellent Émilie, Laurent, Kylian, Soibaha, Vladimir et Damien. Six Tarn-et-Garonnais qui ont apposé leur signature sur un contrat qui va changer leur vie : leur engagement dans l’armée de Terre.
Dans la grande salle de la mairie de Montauban, le silence est rompu par le froissement des uniformes et le cliquetis discret des stylos. Ce n’était pas seulement une convention qui se signait, mais deux contrats en miroir. Le premier, entre le Grand Montauban et le CIRFA (Centre d’Information et de Recrutement des Forces Armées). Le second, quelques instants plus tard, entre six jeunes Tarn-et-Garonnais et l’armée de Terre. Deux engagements différents, mais liés par un même fil : le choix de construire des ponts, d’ouvrir des voies et de tracer un avenir.
Six jeunes, six destins
« La première étape, ce n’est pas la signature. C’est d’avoir osé pousser la porte du CIRFA. » Un à un, les jeunes sont appelés. Émilie ouvre le bal : elle rejoindra le 1ᵉʳ RTP comme arrimeur largueur. Laurent file vers le 501ᵉ régiment de chars de combat, « un peu plus haut, au-dessus de Paris », glisse le major. Kylian et Soibaha iront au 3ᵉ RMAT à Montauban, pour la maintenance. Vladimir, lui, intègre le très discret 13ᵉ RDP en tant que mécanicien. Enfin, Damien, sourire modeste, mais regard décidé, rejoindra l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan.
« Je veux être pilote d’hélicoptère, raconte-t-il après coup. J’ai toujours aimé voler, le parachutisme, le parapente. Mais ce qui m’attire dans l’hélicoptère, c’est le transport de troupe. Le collectif est important. » Titulaire d’un bac+3 en commerce international, il a choisi d’abord d’étudier « pour gagner en maturité » avant de franchir la porte du CIRFA. Trois ans dans la réserve lui ont donné le goût du terrain, assez pour rêver grand. Son parcours de formation sera exigeant : « Je sais que ce sera dur, que la formation à Dax sera technique. Mais je veux dire aux jeunes : n’hésitez pas. Croyez en vos rêves. »





Les familles, piliers silencieux
Dans la salle, les parents observent. Le major Laurent n’oublie pas de les associer : « Vous êtes le deuxième auteur de cet engagement. Les six prochains mois seront durs. Votre soutien fera la différence. » Le colonel Zéni renchérit : « Les hauts et les bas, il y en aura. Il faudra vous appuyer sur vos familles. »
Cet échange de regards entre parents et enfants, cette main posée discrètement sur une épaule, valent toutes les phrases. Car derrière chaque signature, il y a une histoire familiale qui se poursuit autrement. Mais le moment, eux, ils le vivront comme un souvenir fondateur : « On se souvient toute sa vie de l’endroit où on a signé son premier contrat », souffle le colonel.
Une convention qui resserre les liens
Si la cérémonie a pris un relief particulier cette année, c’est aussi parce qu’elle a été précédée par la signature d’une convention entre le Grand Montauban et le CIRFA. « Aujourd’hui, on signe bien plus qu’un papier. On entretient un partenariat fort entre la mairie, le Grand Montauban et l’armée de Terre, » a rappelé le major Laurent. Derrière lui, les équipes confirment : la coopération avec les collectivités n’est pas un simple geste administratif, mais une condition de réussite.
Concrètement, cette convention prévoit des permanences mensuelles du CIRFA au Pôle Jeunesse de la Roseraie, la possibilité d’installer un véhicule-bureau à proximité et une participation aux forums emploi. En clair : rendre l’armée plus accessible, plus proche, plus concrète pour les jeunes du territoire.
Le colonel Daniel Zéni, désormais à la tête du Groupement de Recrutement et Sélection Sud-Ouest à Bordeaux, insiste sur l’importance de cette chaîne humaine : « Recruter 16 000 jeunes par an, c’est un défi. Et nos CIRFA sont nos bras armés… mais ils ne peuvent pas tous faire seuls. C’est ensemble, avec les collectivités, qu’on réussit à aller chercher nos jeunes. »



Le contrat d’une ville avec sa jeunesse
Marie-Claude Berly, maire de Montauban et présidente du Grand Montauban, a souligné l’importance de ce lien : « Montauban, c’est l’armée et le rugby. Aujourd’hui, nous ne sommes pas sur un terrain d’ovalie, mais bien dans le fief de nos régiments. » Pour elle, l’armée ne se résume pas aux seuls combattants : « Les jeunes découvrent parfois une diversité de métiers qu’ils ne soupçonnent pas. » Pour elle, cet engagement collectif est un repère : « Dans une époque où beaucoup de jeunes sont paumés, l’armée peut offrir un idéal et une perspective. »
Le contrat d’un territoire
Au-delà de ces six signatures, l’après-midi aura surtout rappelé l’importance du lien armée-nation. Non pas une abstraction, mais une construction quotidienne, patiente, entre institutions, élus, recruteurs, familles et jeunesse. Une chaîne où chacun joue sa partition, pour que l’engagement militaire ne soit pas un saut dans le vide, mais un choix éclairé.
Et à Montauban, ce lien a une résonance particulière. Ici, les régiments rythment la vie locale autant que le rugby. Quand six jeunes signent leur contrat dans cette salle, c’est tout un territoire qui s’y reflète – ses traditions, ses espoirs et sa jeunesse qui cherche sa voie.
En quittant la mairie, les recrues serrent leurs contrats contre elles comme on serre une promesse. Pour elles, c’est un nouveau départ. Et pour Montauban, la confirmation que son avenir s’écrit aussi sous l’uniforme.
Pour ne rien manquer de nos prochaines publications, n’hésitez pas à vous abonner à notre page Facebook.