Les murs de l’église Saint-Joseph, longtemps dénudés, s’illuminent à nouveau : un Chemin de croix composé de 14 toiles de la fin du XIXᵉ siècle vient d’être réinstallé, après avoir sombré dans l’oubli durant des décennies. Cette redécouverte, fruit d’un travail minutieux initié en 2016, s’impose comme un hommage à l’art sacré et à son créateur, Louis Cazottes.
Une redécouverte fortuite : un Chemin de croix oublié refait surface
C’est au hasard d’un récolement du mobilier des églises de Montauban, orchestré par le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP) et la Conservation des antiquités et objets d’art (CAOA), que le trésor resurgit. Les 14 toiles, remisées sur la tribune de l’orgue depuis les travaux de modernisation des années 1960, semblaient condamnées à l’oubli. Mais leur redécouverte en 2016 a changé le cours de leur histoire.
L’ensemble pictural s’avère être l’œuvre de Louis Cazottes, artiste emblématique de la région, fondateur de l’École du Sacré-Cœur de Montricoux (Tarn-et-Garonne) et formateur de nombreux artistes locaux de la région.
Une restauration minutieuse des toiles de Louis Cazottes
Le temps, cependant, n’a pas été clément : les toiles et leurs cadres portent les stigmates de leur long sommeil. Devant l’urgence de la situation, la Ville de Montauban, fidèle à son engagement pour la préservation du patrimoine, lance en 2021 une vaste opération de restauration.
Ce chantier, inscrit au titre des Monuments historiques, soutenu par des subventions de l’État et du Département, est confié à l’Atelier du Lauragais. Deux années de travail méticuleux permettent de redonner aux toiles leur éclat d’origine, sous le regard attentif d’experts et de passionnés.
La phase ultime, l’accrochage des œuvres, s’est déroulée avec une précision quasi chorégraphique. LP Art, entreprise spécialisée, a mené cette opération avec un soin digne des plus grands musées. Désormais, les visiteurs pourront admirer ce Chemin de croix restauré lors de visites guidées.
Une église en pleine renaissance
2024 marque aussi une autre étape cruciale pour Saint-Joseph : la restauration de son orgue, resté silencieux depuis des décennies. Sous les mains expertes du facteur d’orgue Franz Lefèvre, l’instrument retrouvera bientôt sa voix, ajoutant une dimension musicale à ce renouveau patrimonial.
Louis Cazottes, maître de l’art sacré et fondateur de l’École du Sacré-Cœur
Louis Cazottes, né en 1846 à Montricoux dans une famille modeste de tisserands, révèle très tôt un talent pour le dessin. Sous l’aile bienveillante de l’abbé Jean-Baptiste Chevalt, il se forme sur les chantiers du sanctuaire de Rocamadour avant d’intégrer les Beaux-Arts de Toulouse.
Sa carrière le mène des églises de la région aux ateliers prestigieux de l’Opéra de Paris, en passant par les décors commandés par les Jésuites. Mais c’est dans son village natal qu’il laisse son empreinte la plus durable en fondant l’École du Sacré-Cœur. Cette institution, active jusqu’à la Première Guerre mondiale, forme des générations d’artistes et produit des œuvres diffusées bien au-delà des frontières locales.
Aujourd’hui, l’église Saint-Joseph et les plafonds ornés du centre culturel de Montricoux sont les gardiens de cet héritage, offrant aux amateurs d’art et d’histoire une fenêtre unique sur l’univers de cet artiste visionnaire.
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