Cambriolages, violences et radicalisation, l’inquiétante hausse de l’insécurité dans le département

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Cet après-midi, le préfet Vincent Roberti s’est livré au traditionnel bilan de l’état de sécurité dans le département. Ce bilan, présenté « à deux voix » avec le procureur de la République Bruno Sauvage, s’est déroulé en présence du colonel Marc De Rémond du Chelas, commandant le groupement de gendarmerie de Tarn-et-Garonne, et du commandant Thierry Guérin, directeur départemental adjoint de la police nationale de Tarn-et-Garonne. Les chiffres exposés révèlent une tendance globalement à la hausse, avec une augmentation de 9%.

Les atteintes aux biens en hausse mais pas encore au niveau de 2019

Les atteintes aux biens connaissent une hausse de 7,6%, ils restent pourtant meilleurs qu’avant la crise. Les cambriolages explosent avec une hausse de 25% soit 827 faits recensés ce qui place le département juste derrière le département de la Haute-Garonne, parmi les départements les plus impacté de l’ex-région Midi-Pyrénées. Il est par contre constaté une baisse notable de 14,5 % des vols liés aux véhicules, avec 624 faits.

Les atteintes aux personnes : +20%  pour les violences intra-familiales

La croissance observée dans le domaine de la délinquance générale s’explique principalement par une augmentation des atteintes aux personnes, enregistrant une hausse de 14,7% entre 2022 et 2023.

Les violences intra familiale progressent de plus de 20% sur l’ensemble du département. Elles font l’objet d’une politique prioritaire des pouvoirs publics qui judiciarisent systématiquement tous les faits portés à la connaissance des forces de police et gendarmerie.  Une libération de la parole qui, peut-être, pèse dans cette augmentation. Le préfet à formuler clairement la poursuite de ses efforts sur ces phénomènes rappelant les divers dispositif mis en place avec la création des intervenantes sociales situées en zone police et gendarmerie, la mise en place de la Maison de protection des familles de la gendarmerie. C’est aussi la multiplication par 8 depuis 2022 des téléphones grave danger (49 aujourd’hui) et le quasi-triplement des bracelets anti-rapprochement (de 6 en 2022 à 17 en 2023). Ils vont se poursuivre avec l’appui du Procureur de la République.

Les atteintes volontaires à l’intégrité physique sont en hausse, passant de 1047 en 2022 à 1224 en 2023. Les violences physiques non crapuleuses ont également augmenté de 17,25%, comme indiqué par Thierry Guérin. Elles ont progressé de 555 en 2019 à 802 en 2023, avec les violences conjugales représentant la moitié de ces cas.

Une hausse des interventions et du taux d’élucidation

En zone gendarmerie, le nombre des interventions en 2023 a augmenté de 13 % pour atteindre un peu plus de 13 000. En zone police également est constatée une augmentation des affaires résolues pour toutes les catégories de délinquance (+7,7 %).

Les trafics de stupéfiants

La physionomie du département comportant deux axes autoroutiers important avec l’A20 et l’A62 et sa position stratégique à proximité de Toulouse, font de la lutte contre les stupéfiants un sujet « qui touche le département ».  6 trafics ont été démantelés en 2023 en zone gendarmerie, 47 trafics et deals de rue démantelés en zone police (contre 20 en 2021).

L’année a notamment été marquée par le démantèlement d’un important trafic de cannabis et de cocaïne actif dans le secteur des Chaumes, par l’unité de lutte contre les stupéfiants du commissariat avec l’appui de la PJ, de la BRI et du RAID. Il s’est soldé par l’interpellation de 8 trafiquants dont 5 ont été incarcérés.

36 trafiquants ont été mis en cause dans la zone de police, représentant les trafics organisés à grande échelle ainsi que ceux de rue.

Quant aux usages de stupéfiants, ils ont augmenté de 23,7 % sur un an, passant de 451 à 558. En zone gendarmerie, le nombre d’auteurs d’infractions a plus que doublé, passant de 130 à 274.

Le bilan des saisies est représentatif des actions menées avec 17, 363 kilos de cannabis, 2,782 kilos de cocaïne, 18 grammes d’héroïne, 208 cachets d’ecstasy, 15 075 euros, 3 véhicules, 2 armes à feu, 1 immeuble acquis avec le produit du trafic.

Un résultat mettant en lumière la collaboration efficace des services répressifs au sein du CROSS départemental et le travail des unités spécialisées dans ce domaine.

La lutte contre la radicalisation et les symboles de la République

La lutte contre la radicalisation demeure une priorité dans le département, malgré la baisse du niveau d’alerte attentat au stade de sécurité renforcée. Le Tarn-et-Garonne est au cinquième rang sur le plan national en termes de radicalisation au prorata du nombre d’habitants nous informe Bruno Sauvage. Un renforcement des contrôles mais aussi de la prévention et la détection dès le collège des jeunes pouvant basculer vers la radicalisation font parties des mesures prises.

Situation préoccupante sur les routes de Tarn-et-Garonne en 2023.

Classé au sixième rang des départements les plus accidentogène et avec le triste chiffre de 23 tués en 2023, le département se place sur une trajectoire inquiétante.

Au-delà de la simple augmentation du nombre d’accidents, c’est la gravité de ces incidents qui attire l’attention, révélant un comportement de plus en plus irresponsable des conducteurs. Les principales causes identifiées sont la vitesse, l’alcool, les stupéfiants, voire une combinaison de ces facteurs.

Les chiffres des contrôles routiers effectués en 2023 accentuent le constat alarmant. En zone police, 4617 contrôles ont été réalisés, conduisant à un total de 3438 infractions relevées. En zone gendarmerie, le bilan est plus sévère avec 12410 infractions de vitesse, 562 cas d’alcoolémie, et 469 conduites sous stupéfiants. Ces contrôles ont abouti à 1541 immobilisations de véhicules et à 254 mesures administratives de suspension pour la vitesse (dont 61 pour grands excès de vitesse), 306 pour les stupéfiants, et 325 pour l’alcoolémie, totalisant ainsi 889 suspensions.

Face à cette situation critique, le préfet souligne, avec le procureur, le renforcement du barème à titre indicatif sur les mesures administratives de suspension en « augmentant les durées de suspension de permis et le raffermissement des sanctions ». Le procureur, très impliqué dans la sécurité routière, annonce également son intention d’accroître les immobilisations pendant la période d’enquête, conscients que ces mesures peuvent être « préjudiciables pour les concitoyens », mais nécessaires pour prévenir de nouvelles infractions.

Bruno Sauvage : « le traitement de la délinquance s’est tout une chaîne »

Une chaîne composée des policiers et gendarmes, du procureur et des juges qui opèrent.

Depuis son arrivée en 2022, le traitement des violences notamment les violences conjugales et la lutte contre les stupéfiants sont les deux priorités de sa politique pénale.

305 personnes ont été déférées devant le parquet en 2023, contre 236 en 2021, soit une augmentation de plus de 30% en deux ans. Le procureur de la République souligne une évolution significative dans la nature des peines fermes prononcées. En 2021, ces peines concernaient à hauteur de 9% les violences, tandis qu’en 2023, cette proportion s’élève à 46%, reflétant ainsi la continuité de la politique pénale mise en place. Dans le même ordre d’idées, les procédures rapides ont connu une hausse, représentant 19,3% des procédures contre 11,6% en 2021.

En ce qui concerne les gardes à vue, sur 2606 personnes mises en cause sur le département, soit une augmentation de 24%, 724 ont fait l’objet de garde à vue avec une hausse de 14% en gendarmerie.

Il est à souligner l’importance des policiers municipaux aux côtés des forces étatiques, représentant un point d’appui essentiel pour les renseignements. Cette collaboration quotidienne renforce le partenariat, de même que l’aide des élus, qui possèdent une connaissance approfondie de leur territoire et constituent une source d’éclairage et d’information pour élaborer des solutions adaptées à la diversité du territoire.

Le préfet adopte une posture non alarmiste, soulignant que le département de Tarn-et-Garonne se situe entre la 70e et la 75e position par rapport à d’autres départements.

Malgré les mesures préventives et répressives mises en place, la persistance de ces tendances à la hausse souligne la complexité des enjeux sécuritaires auxquels le département est confronté. Bien que des initiatives concrètes aient été entreprises, la persistance de l’insécurité souligne la nécessité d’une réflexion approfondie sur les causes sous-jacentes et les solutions à mettre en œuvre, dans un contexte où les résultats tangibles tardent à se concrétiser. L’ampleur persistante de l’insécurité soulève la question cruciale de sa nature, posant ainsi un défi majeur quant à son origine. Est-ce un problème sociétal, civilisationnel ou culturel qui sous-tend cette hausse des actes délictueux ? Les seules mesures coercitives et une répression renforcée seront-elles réellement suffisantes pour enrayer les problèmes ?

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