
À quelques mois des élections municipales, l’heure est au bilan pour Pascal Benoit, maire de Golfech depuis 2020. Cinq années marquées par la crise sanitaire, des urgences imprévues et des projets structurants. Entouré de ses adjoints, il nous reçoit en mairie pour revenir sur ce mandat singulier : un travail mené en équipe, dans l’action comme dans les tempêtes, avec la volonté de rapprocher la mairie de ses habitants.
Un mandat collectif, mené comme un marathon
Quand nous rencontrons Pascal Benoit, maire de Golfech, il n’est pas seul. À ses côtés, quatre de ses adjoints : Pierrette Charpentier, Lilian Bras, Sylvie Arnosti et André Depasse.
Cette image d’un maire entouré résume bien l’esprit du mandat : un travail d’équipe, où chacun prend sa part, dans un contexte souvent imprévisible.
« Le mot, c’est marathon. Pour moi, ça a été une épreuve sportive. »
Pascal Benoit n’est pas du genre à enjoliver. Dès les premiers mots, il décrit son mandat comme une course de fond. Une épreuve longue, imprévisible, et souvent solitaire. Le maire de Golfech évoque une équipe municipale « novice de chez novice » qui a dû apprendre dans l’urgence.
« On a été élus le 19 mars. Et le 23 mars, l’état d’urgence sanitaire était déclaré.» Ce baptême du feu, brutal, a donné le ton à cinq années rythmées par les imprévus, les coups de téléphone en pleine nuit, et les dossiers à rallonge.
Tempêtes, Covid et chiens errants
L’histoire retiendra peut-être les grandes lignes de ce mandat, mais Pascal Benoit, lui, se souvient des petits signes. D’un arbre tombé sur la ligne électrique, « la toute première heure ». Des chiens divagants à 23h, qu’il a fallu attraper et mettre en sécurité dans un chenil improvisé. De l’incendie au bord du parking, un soir des « Nuits de la lecture ». De ces instants où l’on est maire d’un village comme on est veilleur de nuit, sans horaire ni pause.
« Il nous est arrivé plein de choses qu’on ne pensait pas », confie-t-il. Des accidents de la route, des décès tragiques… Sur l’axe Lamagistère–Valence, 6 000 véhicules passent chaque jour. « Le rond-point a été refait trois fois suite à des accidents à grande vitesse la nuit. » Deux noyades lors d’une sortie de route sur la voie rapide ont marqué les esprits. « On n’est pas prêt. »
Golfech, une commune pas comme les autres
Pascal Benoît sait que chaque jour compte, que chaque décision peut peser sur l’équilibre d’un village pas tout à fait comme les autres : « Golfech est une commune atypique avec les infrastructures d’une ville, mais une vie de campagne. » Une singularité qui façonne sa façon de gouverner.
Au fil du mandat, il a appris que la fonction de maire ne se résume pas à signer des arrêtés. C’est aussi « être au cœur d’un système politique, où nos décisions dépendent du choix politique plus haut ». Une leçon souvent tirée dans l’urgence, parfois dans la douleur.
« Il y a des moments où on s’est sentis seuls. Très seuls. »
Il parle ici des manifestations agricoles qui ont paralysé Golfech pendant trois semaines. Routes coupées, fumée, colère. Et une mairie qui sert d’interface entre les riverains, les commerçants et les tracteurs. « Nous sommes face aux difficultés du terrain. » Usure des routes, remise en état du village… « Cela a mobilisé du personnel. Toutes les questions viennent à la mairie. Il faut ménager tout le monde pour que tout le monde vive bien ensemble. » Physiquement, c’est épuisant… et mentalement, « c’est de la gestion de crise. »
Une équipe de novices… et 80 % du programme tenu
En 2020, sa liste a été construite en quinze jours. Depuis, elle a avancé à l’écoute, au consensus, et en tirant des leçons. « On a tenu 80 % de notre programme, à la virgule près. »
Parmi les réalisations notables : le soutien aux mobilités douces (prime vélo à assistance électrique), à la jeunesse (bourse au permis), et à la rénovation (aides façades, économies d’énergie). Autant de petites mesures, simples mais concrètes, qui « parlent aux habitants ».
Et quand il s’agit de prendre des décisions sensibles, il tient à déléguer avec méthode. « On a essayé de répartir un maximum entre les élus. Quand quelqu’un vient en mairie, on n’a pas envie qu’il tombe sur un adjoint qui dise : je ne sais pas. »
La Maison Rivière, chantier du cœur
Ce n’est peut-être pas le projet le plus coûteux du mandat, mais c’est celui dont le maire parle avec le plus de fierté. La Maison Rivière : un ensemble de logements pour personnes âgées autonomes, apprentis et familles, situé à l’entrée du village.
« Ce n’est peut-être pas le plus gros projet, mais c’est celui qui me touche le plus et qui nous a occupé pendant tout le mandat. » Dans son esprit, ce lieu est plus qu’un bâtiment : c’est un symbole de mixité et de solidarité, et une réponse au vieillissement de la population. Il deviendra à terme un marqueur de Golfech. « Il attire l’œil et la curiosité, » ajoute Lilian Bras concernant ce projet voulu pour ne pas bouleverser la vie quotidienne des personnes âgées.
L’autoconsommation collective, un projet avorté, une frustration assumée
Le seul dossier qui n’a pas abouti, et qui laisse un goût amer, c’est celui de l’autoconsommation collective. « On a mis cinq ans à mûrir ce projet. Et au final, on n’a pas réussi à aller jusqu’au bout. »
Pourquoi ? Parce que la législation bloque : une commune ne peut pas céder gratuitement l’énergie qu’elle produit à ses habitants. « Une perte de temps, car nous avons voulu que la population en profite, » raconte le 2ᵉ adjoint. « On pensait qu’on allait nous aider à trouver une solution. » Mais non, le projet est jugé « trop novateur ». La solution envisagée : transformer le projet via une société d’économie mixte.
Un engagement total pour sa commune
L’impact sur la vie personnelle est indéniable. « Pour le conjoint, c’est difficile quand on est impliqué comme je le suis. La vie de famille en pâtit. » Dans les moments de doute, Pascal Benoît puise son inspiration dans « tout ce que j’ai hérité de mon passé militaire, dans la marine et comme sous-marinier. Mais aussi de mon commandant, le vice-amiral Nicolas Lambropoulos, chef des forces armées aux Antilles. »
Et maintenant ?
Quand on lui demande s’il repartira, il esquisse un sourire qui en dit long. Une volonté claire de faire un second mandat « pour continuer ce qui a été mis en place et aller au bout de certains projets, profiter de la dynamique ».
Ce mandat n’a pas été une ligne droite, mais une succession de virages, parfois serrés, souvent imprévus. Pascal Benoit en parle sans fard, avec cette franchise qui le caractérise. Il sait ce que la fonction coûte, il sait aussi ce qu’elle apporte : des rencontres, des projets qui transforment, des moments partagés qui laissent une trace. Les cinq dernières années l’ont éprouvé, mais elles n’ont pas entamé son envie de servir. Golfech, avec ses paradoxes et ses défis, reste au cœur de ses priorités. « Pas de liste encore, mais plutôt un surbooking », glisse-t-il avec le sourire. Le maire regarde déjà devant, convaincu qu’il reste encore des pages à écrire — et que certaines, peut-être, seront les plus belles.
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