L’Honor-de-Cos. Patrizia Rovere : la rencontre de la Terre et du Feu

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Patrizia Rovere Céramiste
Cette céramiste passionnée a ouvert les portes de son atelier samedi après-midi, offrant ainsi aux visiteurs une immersion dans son univers créatif_Crédit photo JDJ
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Des lignes épurées, des formes organiques : le style de Patrizia Rovere est sans fioritures. Cette céramiste passionnée a ouvert les portes de son atelier samedi après-midi, offrant ainsi aux visiteurs une immersion dans son univers créatif. Une dizaine de curieux ont répondu à l’invitation de Patrizia à L’Honor-de-Cos, désireux de découvrir son art unique.

Un art ancestral

Patrizia Rovere maîtrise la cuisson dans un four couché à flamme directe, l’Anagama.. Une technique japonaise ancestrale exigeante, que lui a transmis Rizu Takahashi et qui s’étend sur plusieurs jours. Deux jours et deux nuits intenses sans interruption pour surveiller et nourrir le feu puis plusieurs jours pour le faire descendre jusqu’à 30 degrés. Le four de Patrizia permet de cuire jusqu’à 450 pièces, nécessitant trois tonnes de bois par cuisson. En raison de cette complexité, elle ne réalise que deux cuissons par an, au printemps et à l’automne, chaque session demandant une semaine de préparation méticuleuse.

Le rythme du feu

« Je rentre dans le four pour disposer les pièces, étagère par étagère, rang par rang, jusqu’à le remplir, » explique-t-elle. L’enfournement est une étape cruciale, ajoute-t-elle, car il faut que le feu et la chaleur puissent circuler librement. Une fois le four plein, l’ouverture est scellée, ne laissant qu’un espace de 20×20 cm. La cuisson débute par le bas avec un feu extérieur qui crée des braises et évacue l’eau pendant six à douze heures, une étape connue sous le nom de bassinage. La montée en température doit être très lente pour atteindre le point de cristallisation du quartz, moment où la terre devient céramique.

« C’est comme une infusion »

Lorsque la matière se transforme et que les dépôts de cendre se forment autour de 500 à 600 degrés, ces dernières viennent se déposer sur les pièces. À 1280 degrés, un geyser de feu jaillit de la cheminée. « Je commence à regarder, c’est comme une infusion, » dit Patrizia. À cette température, le feu est alimenté toutes les deux minutes et la cendre fond sur la matière. C’est alors le moment d’entamer la phase de réduction : l’ouverture est fermée, le feu manque d’oxygène et va le chercher à l’intérieur des pièces, provoquant des variations de couleurs, par oxydation. La température est contrôlée par un pyromètre et des cônes de température disposés à différents endroits du four.

Les pièces exposées aux braises, aux cendres et léchées par les flammes prennent des teintes particulières : des tons jaunes, oranges, bleutés, verdâtres, bruns, mais aussi des aspects de terre érodée ou volcanique. Chaque pièce est unique selon le parcours du feu qui enrobe les créations et laisse les stigmates d’une longue et lente maturation.

« Je suis tombée amoureuse de la terre et du feu »« 

Le feu rythme la cuisson, ainsi que les jours et les nuits de Patrizia et de son mari. Ensemble, souvent accompagnés, ils écoutent le feu et l’accompagnent dans sa danse, dans ce voyage en dehors du temps. « Je suis tombée amoureuse de la terre et du feu en même temps, » confie Patrizia. « J’ai commencé en janvier 2009 avec mon maître, et en février, il réalisait une cuisson dans son four six fois plus grand que le mien. J’étais fascinée ! ».

« Un moment de communion »

Dans la céramique, tous les éléments se rejoignent : la terre, le feu, l’air et l’eau, « ce qui ramène à quelque chose de profond, » confie Patrizia. Chaque cuisson est pour elle, « un moment de communion », un instant particulier qui lie les personnes et le feu qu’ils nourrissent.

Patrizia Rovere incarne cette passion pour les éléments et le processus de création, liant tradition et innovation dans chaque pièce unique qui sort de son four. Son dévouement à cet art ancien, ainsi que son respect pour les éléments naturels, illustrent parfaitement la symbiose entre l’homme et la nature. Ses créations sont le reflet de cette harmonie, où chaque élément joue un rôle essentiel, transformant la matière brute en œuvres d’art vivantes et uniques. À travers son travail, Patrizia nous rappelle l’importance de la patience, de la minutie et de la profonde connexion avec les éléments naturels, essentiels pour atteindre l’harmonie.

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EBO
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