En ce 1er mars, nous fêtons la Saint-Aubin, accompagnée de dictons qui transcendent le temps. « Taille au jour de Saint-Aubin – Pour avoir de gros raisins », « A la Saint-Aubin, c’est du vin, Quand le buisson goutte au matin » et d’autres prédictions météorologiques évoquent le lien étroit avec la vigne. À travers ces expressions populaires, une question émerge : y a-t-il une corrélation réelle ?
Nous avons sollicité les conseils de Kevin Barbet, un viticulteur passionné du domaine de Lafage à Montpezat de Quercy, travaillant en biodynamie. La ferme de Lafage, s’étendant sur 36 hectares dans l’Appellation Coteaux du Quercy, mêle judicieusement viticulture et polyculture depuis 1992. 12 hectares de vignes sont cultivés en biodynamie, suivant une approche respectueuse de l’environnement. Les 24 hectares restants sont dédiés à la polyculture, fournissant la base alimentaire pour un troupeau de douze vaches. Ces animaux, en plus de contribuer à l’équilibre écologique, produisent la fumure utilisée pour nourrir les vignes.
La taille de mars : un rituel viticole crucial
Interrogé sur la corrélation entre la taille en mars et la grosseur des grains, Kevin explique qu’il ne voit pas de lien direct. Cependant, il partage un dicton qui guide sa pratique : « Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars. » Selon lui, mars offre la fenêtre idéale pour la taille des vignes. Une approche qui offre aux vignes un « repos » optimal entre les vendanges et la mise en fruit. Il souligne l’importance de la taille tardive qui peut aider à éviter les gelées printanières, un risque auquel les viticulteurs sont particulièrement sensibles.
Mais d’où vient le nom « Aubin » associé à ces dictons viticoles ?
Saint Aubin, est né en 469. Il est issu d’une famille noble établie en Bretagne. Il a choisi de quitter les plaisirs familiaux pour rejoindre le monastère de Cincillac près d’Angers. En tant qu’Abbé, il a dirigé avec sagesse cette institution pendant 25 ans avant d’être élevé au rang d’évêque à l’âge de 50 ans. Il mourut le 1er mars 550.
Saint-Aubin a consacré sa vie à la prédication, au soin des pauvres, à la visite des malades. Il œuvra avec succès pour la condamnation des mariages incestueux, pratiques répandues chez les seigneurs mérovingiens. Son influence s’est répandue en France, en particulier en Normandie, et dans une grande partie de l’Europe. (Source : “La Vie des Saints” de Paul Guérin (éditions J. de Bonnot . 1992))
En ce jour dédié à la Saint-Aubin, nous plongeons au cœur d’une célébration où les dictons viticoles se mêlent à l’héritage spirituel de Saint-Aubin. Derrière les prédictions météorologiques se cache le travail passionné de viticulteurs comme Kevin Barbet, pour qui le mois de mars devient une partition viticole précieuse.
La viticulture en biodynamie, la taille réfléchie des vignes, tout s’oriente vers une harmonie entre tradition et modernité. Et tandis que les dictons guident les mains expertes des vignerons, Saint Aubin nous rappelle les valeurs intemporelles de dévouement, d’humilité, et de lutte pour le bien.
Ainsi, en levant nos verres en cette Saint-Aubin, que ce soit pour célébrer les promesses de la vigne ou pour honorer la mémoire de cet homme de foi, nous nous retrouvons au croisement d’une tradition séculaire et d’une sagesse spirituelle qui transcende les époques. Une union où le terroir et la foi convergent, créant une expérience riche en saveurs et en significations.
Note de la rédaction : Nous remercions Kevin Barbet d’avoir partagé son expertise et éclairer nos lanternes sur les subtilités de la viticulture.
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