Résultats législative partielle Tarn-et-Garonne 2025 : analyse

Pierre-Henri Carbonnel élu député Tarn-et-Garonne_JDJ
Pierre-Henri Carbonnel, élu hier soir en préfecture de Tarn-et-Garonne, lors de l’annonce officielle des résultats.
natura-baies.com

Abstention record, transferts d’alliance et soupçons de règlement de comptes : la partielle de Tarn-et-Garonne incarne, à elle seule, le trouble d’une époque.

Dans la première circonscription de Tarn-et-Garonne, l’élection législative partielle n’a rien d’une simple formalité électorale. Elle est née de l’inéligibilité de la députée sortante et ancienne maire de Montauban, Brigitte Barèges, sanctionnée pour irrégularités dans ses comptes de campagne. Une décision rendue par la Cour des comptes, institution où siège aujourd’hui son ex-adversaire, Valérie Rabault. Ce fâcheux « concours de circonstance » n’a pas manqué de raviver la théorie du complot, savamment entretenu par la députée sortante, qui s’est posée une nouvelle fois en victime. Brigitte Barèges a su mobiliser son camp et transformer cette élection en véritable test d’influence locale.

Et le député est :… Pierre-Henri Carbonnel

C’est un peu après 21 heures que le résultat est tombé avec la victoire de Pierre-Henri Carbonnel UDR/RN avec 52,06% des voix, soit 17 351 voix, contre 47,94 %, soit 15 980 pour Cathie Bourdoncle, parti socialiste. Sur la ville de Montauban, où sa suppléante Marie-Claude Berly est maire, le candidat UDR/RN ne l’emporte qu’avec 149 voix d’avance. Il est même battu sur sa commune de Saint-Cirq avec 47,51 % des voix.

62, 61% d’abstention et report des voix

Une nouvelle fois, l’abstention aura servi de juge de paix dans cette élection, avec un pourcentage de participation très légèrement supérieur au premier tour (33,3% des inscrits). Le report des voix vient confirmer la stratégie de basculement des Républicains vers la droite de sa droite, stratégie soutenue par Bruno Retailleau, qui avait donné comme consigne : « Pas une voix pour la gauche », alors que le candidat LR Bernard Pecou avait laissé ses électeurs libres de leur choix. Cette abstention confirme le désamour de nos concitoyens pour la chose politique.

La réaction de Brigitte Barèges

Brigitte Barèges ne cachait pas sa satisfaction dans les salons de l’hôtel de Ville : « Ce soir les électeurs m’ont rendu justice et ils ont montré que ce sont eux qui choisissent et non pas les prétendus juges, notamment le Conseil constitutionnel de M. Ferrand et qui de façon obscure, anormale m’ont rendue inéligible il y a quelques mois. C’est la raison pour laquelle je me suis beaucoup impliquée dans cette campagne, pour ne pas leur donner raison et leur montrer qu’ici en Tarn-et-Garonne, on ne cèdera pas. »

IMG 9448

Retour sur le premier tour

Pour comprendre le second tour, il convient de rappeler que douze candidats étaient en lice au premier. En tête, le poulain de Brigitte Barèges, Pierre-Henri Carbonnel agriculteur de 35 ans, pour l’UDR soutenu par le RN, arriver en tête avec 29,25 % des voix, suivi par la candidate du parti socialiste, vice-présidente du Conseil départemental, Cathy Bourdoncle avec 24,30% des voix. Le troisième homme Bernard Pécou pour les LR a totalisé 17,55 % des suffrages, mais n’a pas pu se maintenir à cause du faible taux de participation. La 4 ° place est revenue à Samir Chikhi candidat LFI/NPA avec 10, 49 %. Une demi-surprise pour la 5° place où Brigitte Poma dissidente du RN, en désaccord avec les instances parisiennes, a comptabilisé 7,34% des voix, après une bonne campagne de terrain. Enfin Catherine Simonin, pour le parti Renaissance, n’a pas pu faire mieux que 5,28%, payant certainement là l’impopularité grandissante du Président Macron.

Un test national aux yeux de Paris

Si les caciques parisiens ont voulu faire de cette élection un test national, Gabriel Attal, Bruno Retailleau, Éric Ciotti, se sont même déplacés pour soutenir leur candidat respectif, les Tarn et Garonnais de leur côté n’ont pas semblé se passionner pour ce scrutin, ayant plutôt un regard inquiet tourné vers le flou, qui est tout sauf artistique, et les divisions, montrées par les instances nationales. Les gens que nous rencontrons n’hésitent plus à faire part de leur raz le bol de ce qu’ils appellent des « magouilles politiques » loin de l’intérêt majeur du pays et manifestent leur dégoût pour la politique politicienne.

Le second tour et ses équilibres fragiles

Il ne restait donc plus pour le second tour que le candidat soutenu par l’UDR et le RN, Pierre-Henri Carbonnel, face la candidate socialiste Cathy Bourdoncle. Une semaine intense de séduction des électeurs de tels ou tel camp, avec en ligne de mire pour la droite, les électeurs LR. Si Bernard Pecou avait laissé libre ses électeurs de choisir, son président national Bruno Retailleau, certainement poussé par sa base, a franchi un cap, en appelant à ne donner aucune voix pour la gauche, actant ainsi une alliance avec l’UDR/RN.

La perspective d’élections nationales n’y est certainement pas pour rien. En politique, les alliances d’aujourd’hui ne sont pas forcément celles de demain. Pour Cathy Bourdoncle, sans surprise, le candidat Samir Chikhi avait appelé ses électeurs à la soutenir, de son côté elle espérait secrètement que certains électeurs LR votent pour elle, ne voulant pas cautionner l’alliance UDR/RN portée par Brigitte Barèges.

Député, mais pour combien de temps ?

La question que tout le monde se pose désormais, Pierre-Henri Carbonnel est député, mais pour combien de temps puisqu’il l’a annoncé lui-même à l’issue de sa victoire « Les électeurs de droite se ressaisissent et veulent quelque chose de clair et je pense apporter une ligne claire. Si demain il faut voter une censure et refaire des élections, je n’hésiterai pas à le faire. »

Pour ne rien manquer de nos prochaines publications, n’hésitez pas à vous abonner à notre page Facebook.

📩 Pour recevoir les articles par E-mail Inscrivez-vous