
Vendredi soir, la salle Calypso de Golfech s’est parée de rose. Pas le rose bonbon des vitrines commerciales, mais celui, plus profond, qui dit la solidarité, la pudeur et la force des femmes. Pour la deuxième année consécutive, la commune a organisé une grande soirée au profit de la lutte contre le cancer du sein. Et ici, on ne fait pas les choses à moitié : repas, spectacle, échanges, rires et quelques larmes. Tout cela pour une même cause.
Un village rassemblé autour de la cause
C’est devenu une habitude à Golfech : quand il s’agit de solidarité, tout le monde répond présent. Le maire, Pascal Benoît, ne s’en cache pas : « Rien qu’en repas, on a dépassé les chiffres de l’an dernier. Plus de 250 couverts ! Et tout cela pour une bonne cause. »
Cette année encore, l’intégralité des recettes de la billetterie et de la buvette sera reversée aux deux associations partenaires : Artémis 82 et le Comité de cancérologie du Lot-et-Garonne.
La billetterie, gérée par la Communauté de communes des Deux Rives, a été offerte — un service rendu au nom d’un engagement commun. A Golfech, ce n’est pas la taille du village qui compte, mais la chaleur humaine qu’il dégage.








Deux associations fidèles, deux visages de l’accompagnement
Les habitués de la soirée les reconnaissent au premier regard : d’un côté, les bénévoles du Comité de cancérologie du Lot-et-Garonne, venus d’Agen et de Villeneuve-sur-Lot, et de l’autre, les membres d’Artémis 82, association tarn-et-garonnaise dédiée au soutien des femmes touchées par le cancer du sein.
Christina, Viviane et Aline, bénévoles du Comité de cancérologie, tiennent leur stand avec une énergie douce et communicative. « Nous ne sommes que des bénévoles, mais tout ce qu’on récolte va directement aux malades », explique Aline.
L’association propose des soins socio-esthétiques, de la sophrologie, de l’hypnose ou tout simplement de l’écoute. Des soins de confort, souvent décisifs pour le moral, et toujours gratuits.
« C’est formidable d’être ici, ajoute Viviane. L’accueil est chaleureux, comme l’an passé. On se battrait presque pour revenir ! » plaisante-t-elle.

Artemis 82
À quelques mètres, le stand d’Artémis 82 attire lui aussi les curieux. Derrière la table, Sophie Miquel, la coordinatrice, parle avec calme et conviction : « Je ne suis ni médecin ni psy, mais je suis une main tendue. Mon rôle, c’est d’accompagner les femmes, de les relier aux bons interlocuteurs et de leur rappeler qu’elles ne sont jamais seules. »
À ses côtés, Isabelle et Ghislaine, anciennes patientes devenues ambassadrices, accueillent les visiteurs avec des sourires lumineux. Isabelle confie : « Après l’annonce, j’étais perdue. C’est mon gynécologue qui m’a orientée vers Artémis. Grâce à Sophie, j’ai intégré des ateliers de parole, de poterie, de danse… J’ai même défilé sur scène, moi qui n’aurais jamais osé ! Sophie est notre sauveuse ! » Pour ces femmes, la soirée de Golfech est une façon de redonner un peu de ce qu’elles ont reçu.



Quand les mots soignent aussi.
Un peu plus loin, un autre stand attire les regards. Marie Donzies-Baptiste, jeune auteur originaire de Valence d’Agen, y présente son livre Mon combat face au cancer du sein. Diagnostiquée à 32 ans d’un cancer du sein de stade 4, Marie raconte sans détour cette période où tout a basculé :
« Lorsque je me suis détectée grâce à l’autopalpation, la tumeur faisait déjà sept centimètres. J’ai eu un curage lymphatique, dix-neuf ganglions cancéreux, six mois de chimiothérapie, trente-sept séances de radiothérapie, et une double mastectomie avec reconstruction immédiate. »
Elle dit ces mots avec une sérénité bouleversante, sans frissonner, avec une lucidité qui force le respect. Pas de plainte, pas de révolte, juste cette certitude tranquille d’avoir traversé l’enfer pour mieux apprécier la lumière. « J’ai voulu témoigner pour montrer qu’on peut traverser tout ça sans perdre sa lumière », explique-t-elle doucement. Son sourire trahit une force tranquille : « Ce n’est pas une partie de plaisir, bien sûr. Mais aujourd’hui je suis en rémission, et j’ai appris à voir la vie différemment. »

À ses côtés, Brigitte Cadères présidente de l’association Un Bonnet, Un Sourire présente les créations : des bonnets de chimiothérapie cousus à la main dans les EHPAD et les ateliers solidaires.
Brigitte, raconte avec émotion : « Quelques mois après la création de l’association, c’est moi qui ai eu besoin d’un bonnet… mais c’est aussi comme ça que j’ai rencontré Marie et toutes ces femmes extraordinaires. »
Leur nouveau projet, L’Art s’expose, se tient jusqu’au 29 octobre à Valence-d’Agen : une vente aux enchères silencieuse de 80 œuvres offertes par des artistes locaux. Le produit des ventes sera reversé en partie aux associations.
Repas, spectacle et chaleur humaine
Après un long temps d’échanges entre associations et public, les convives se sont retrouvés autour du repas. Les conversations allaient bon train et les premiers accords de piano résonnent. Sur scène, le Piano Rose Cabaret et Fabrice de Valence-d’Agen entre en piste. Entourés d’une quinzaine de chanteurs et danseuses de tous âges, ils lancent le spectacle. « Ici, on aime la vie, la musique… et si on peut aider, c’est encore mieux ! » lance Philippe.
Le tout dans cette ambiance propre à Golfech, faite de simplicité, de chaleur et de rires partagés. Sur les visages, une même conviction : que le rose n’est pas qu’une couleur, mais un symbole d’union.
Cette soirée d’octobre aura tissé un lien entre ceux qui donnent, ceux qui soignent, et ceux qui se battent. Et dans le reflet des verres roses, sous les parapluies suspendus, on aurait presque entendu battre un cœur collectif — celui de Golfech, fidèle à lui-même : solidaire, joyeux et terriblement humain.
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