On y envoie normalement ce que l’on préfère oublier : les eaux usées. Mais à Montauban, la station d’épuration du Verdié fait mieux que les nettoyer. Elle transforme les boues issues de leur traitement en gaz vert, capable d’alimenter 1 200 foyers. Dans le même temps, l’eau traitée, au lieu d’être rejetée, est réutilisée localement, économisant 100 000 m³ d’eau potable par an.
C’est l’endroit où arrivent toutes les eaux que l’on évacue sans y penser : éviers, douches, toilettes. La station d’épuration du Verdié les nettoie depuis longtemps. Mais depuis ce jeudi, elle fait plus que dépolluer : elle transforme ces eaux usées en ressource renouvelable.
D’un côté, les boues issues du traitement ne sont plus des déchets. Elles fermentent et produisent un gaz vert, le biométhane, désormais injecté dans le réseau GRDF. Chaque année, la station générera 5 GWh, de quoi chauffer 1 200 foyers.
De l’autre, une partie de l’eau traitée est réutilisée directement. Résultat : 100 000 m³ d’eau potable économisés chaque année, notamment pour arroser le golf et l’hippodrome. À l’heure où la sécheresse assèche les nappes, cela représente l’équivalent de la consommation d’une petite ville épargné.
Un projet d’un montant de 15 millions d’euros
Ce chantier, d’un montant de 15 millions d’euros, a été conçu par la filiale ingénierie de Saur, Stereau, puis confié à Saur France pour l’exploitation. Avec une capacité de traitement correspondant à plus de 103 500 habitants, l’installation anticipe la croissance démographique du territoire tout en répondant aux crises énergétiques et hydriques.
Le Verdié devient aussi un site vitrine : parcours pédagogique pour les scolaires, supervision numérique pour suivre la qualité de l’eau, sensibilisation des habitants aux écogestes. Une station qui n’est plus seulement une infrastructure cachée, mais un lieu de démonstration et d’apprentissage.
Une coopération de longue date entre Saur et Montauban
Le projet n’aurait pu voir le jour sans un partenariat solide : le Grand Montauban, l’Agence de l’eau Adour-Garonne et la Région ont financé l’opération, aux côtés de Saur. La collaboration avec l’opérateur remonte à plus de dix ans, avec la création en 2012 de la société GEM dédiée à la gestion locale de l’eau, puis le lancement de la marque O’dalba en 2021 lors du transfert des compétences d’assainissement au Grand Montauban.
« L’unité de méthanisation de Montauban incarne notre engagement à construire, avec les collectivités, des solutions concrètes et durables face aux défis de l’eau et de l’énergie », a assuré Patrick Blethon, président exécutif de Saur. Pour Marie-Claude Berly, présidente du Grand Montauban, « cette unité témoigne de notre volonté d’accélérer la transition écologique du territoire ».
Un signal au niveau national
Montauban rejoint ainsi le mouvement national de valorisation des eaux usées et de production de biométhane. La France s’est fixée comme objectif de tripler la part du gaz vert injecté dans le réseau d’ici à 2030. Et d’accroître fortement la réutilisation des eaux traitées, pratique encore marginale dans l’Hexagone, mais désormais considérée comme indispensable.
Le Verdié en est la preuve : même une ville moyenne peut transformer un “centre de traitement des effluents” en levier écologique. Ici, les eaux usées ne sont plus un problème, elles deviennent une ressource.
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