Moissac célèbre la Saint-Hubert : chiens, cors et ferveur à l’abbatiale Saint-Pierre

Saint-Hubert Moissac abbatiale Saint-Pierre_JDJ
Le père Pierre Hoan, sourire aux lèvres, bénit les chiens rassemblés sur le parvis de l’abbatiale Saint-Pierre. Crédit photos JDJ
natura-baies.com

Dimanche après-midi, le parvis de l’abbatiale Saint-Pierre de Moissac avait des airs de tableau vivant : des chiens impatients, des cors de chasse qui s’accordent à la hâte, et une foule compacte où se mêlent pèlerins, curieux et fidèles de la première heure. Le brouillard automnal, suspendu au-dessus du Tarn, ajoutait à la scène une touche presque mystique.
La fête de la Saint-Hubert, patron des chasseurs, a retrouvé ses grandes heures.

Une tradition remise au goût du jour

Il y a encore deux ans, cette bénédiction des chiens et la messe dédiée à Saint Hubert n’existaient plus qu’à l’état de souvenir dans quelques villages alentour. C’est le père Pierre Hoan, prêtre de la paroisse de Moissac, qui a eu l’idée de la relancer, avec la complicité de la société de chasse locale.
« L’an dernier, on l’a faite à Sainte-Livrade, raconte-t-il. On ne croyait pas que l’église serait trop petite… Et pourtant ! »
Cette année, changement d’échelle et de décor : direction l’abbatiale Saint-Pierre, joyau roman de la ville, qui s’est presque remplie à son tour. « On a bien fait de venir ici », sourit le prêtre, encore un peu ému. « C’est un grand succès, une belle aventure partagée avec les chasseurs, les agriculteurs et tant d’autres. »

Une messe pour les chasseurs, leurs chiens et leurs anciens

À l’intérieur de l’abbatiale, la chorale Wallisienne chantait tandis que les fidèles prenaient place. Le père Hoan a ouvert la célébration d’une voix posée : “Cette messe est pour prier pour les chasseurs, leurs chiens, et ceux qui nous ont précédés.
Il y avait des chasseurs en tenue, des familles, des curieux, des pèlerins venus de loin. L’église était presque pleine : près de 800 personnes, bien plus que l’an dernier, et une ribambelle de chiens qui attendaient patiemment d’être bénis sur le parvis.

Des cors, des chiens… et un public conquis

Les cors de chasse, eux, ont bien failli manquer la fête. « On a failli ne pas avoir les cors de chasse, mais François a réussi à se libérer ! », explique le père Hoan. Mais les sonneurs de la fanfare “Les Échos de la Prade”, venue prêter ses cuivres à la célébration, sont arrivés, juste à temps pour faire vibrer la nef. Leurs notes profondes, rebondissant sous les voûtes millénaires, ont arraché quelques émotions et beaucoup d’applaudissements.

Après la messe, devant les marches de l’église, les chiens se faisaient bénir un à un, du petit terrier nerveux au grand bleu de Gascogne, plus stoïque. Certains pèlerins prenaient des photos, d’autres croisaient les doigts pour que leurs compagnons à quatre pattes restent sages.

À la sortie, un pèlerin, le visage encore ému, a interpellé le père Hoan : « C’était génial ! » Le prêtre a simplement souri, comme s’il savait déjà que cette phrase résumait tout l’esprit de la journée.

Parmi la foule, Anne-Marie et Christian, deux Moissagais, observaient la scène en souriant. Ils étaient déjà là l’an dernier. « C’est beau. C’est incroyable. Ce prêtre remet la tradition au goût du jour, » dit Christian, le regard tourné vers le clocher. Il a avoué être venu aussi pour les cors de chasse : « J’adore les entendre dans une église, c’est unique. »

Les chasseurs, fidèles au rendez-vous

Après la bénédiction, les cors se sont tus et les chiens ont retrouvé leur laisse.
Sur le parvis, place aux échanges, aux poignées de mains et aux retrouvailles autour du traditionnel pot de l’amitié offert par les chasseurs de Moissac.

Pour Olivier Lolmède, président de la société de chasse de Moissac, la joie est palpable.
« Deuxième année, et c’est une réussite ! » dit-il avec un large sourire. « L’an dernier, à Sainte-Livrade, on avait 200 personnes. Cette fois, l’abbatiale était presque pleine. Les gens sont contents d’être là, et nous, ça nous réchauffe le cœur. »
Il insiste sur la solidarité entre les chasseurs : « Toutes les communes voisines ont répondu présent : Durfort, Montesquieu, Lizac, La Française, Cazes-Mondenard… avec chiens, sans chiens, tout le monde est venu. »

Cette ferveur, dit-il, prouve que la chasse, malgré les débats et les caricatures, reste une affaire de passion et de lien social. « On voit que les chasseurs se soutiennent. C’est une belle réussite. »

Une tradition qui rassemble

Dans une époque où les débats sur la chasse tournent souvent à la polémique, cette Saint-Hubert moissagaise a rappelé que, dans les villages, la chasse n’est pas qu’un loisir : c’est une culture, un patrimoine vivant. Le père Hoan le dit sans détour : « Les chasseurs ont participé avec enthousiasme, et les agriculteurs étaient nombreux à venir les remercier de leur soutien. »
Et déjà, la tête pleine d’idées, il évoque la suite : « Avec les chasseurs de Moissac, on va préparer la troisième édition, l’an prochain. Il faudra choisir le lieu, la date… mais ce sera encore une belle aventure, j’en suis sûr. »

Quand la foule s’est dispersée, le silence a peu à peu regagné les pierres de l’abbatiale.
Ne restaient que quelques empreintes de pattes sur les pavés, et le souvenir d’un dimanche pas tout à fait comme les autres — un dimanche où Moissac a renoué, le temps d’une messe, avec ses racines et sa ferveur populaire.

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Emilie BOTTIN
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