
13 février 1960, 7h04, sous la présidence du Général De Gaulle, une bombe d’une puissance de 70 kilotonnes, appelée du joli nom de « Gerboise bleue », trois fois plus puissante que celle d’Hiroshima, explose à Reggane, en Algérie, sur le site nucléaire d’Hammoudia.
À cet instant, la France devient officiellement la 4ᵉ puissance nucléaire mondiale après les États-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni.
150 000 vétérans ont participé à ces expérimentations
Ce premier essai marquera le début des 36 années d’expérimentations nucléaires françaises. Et près de 150 000 vétérans participeront à ces expérimentations. Entre 1960 et 1996, la France a procédé à 17 essais dans le Sahara et 193 essais nucléaires en Polynésie. Mais hélas, il y a une face sombre à cette belle histoire. Derrière les chiffres et les succès militaires, ce sont avant tout des destins humains qui se jouent.
Pour permettre à la France d’avoir l’arme de dissuasion nucléaire, des hommes et des femmes, civils ou militaires, engagés ou appelés, ont apporté leur contribution, chacun à leur niveau, sur les différents sites concernés. Dans l’ignorance de leur jeunesse, et celle entretenue par les responsables de l’époque, ils ont participé à cette aventure, fiers de servir leur pays.
Un ennemi invisible : la radioactivité
Certes ce n’était pas la guerre, mais ils ont été touchés dans leur chair avec en plus un effet pervers : pas de blessure, pas de sang, pas d’armes, mais des conséquences désastreuses dans leurs vies. Si la plupart de nos anciens combattants, se sont battus contre des ennemis connus et identifiés, les vétérans des essais nucléaires ont eu à affronter un autre type d’ennemi, invisible, sournois, insidieux, qui malheureusement a déjà causé de trop nombreux décès et qui continue d’invalider un très grand nombre d’entre eux et de leurs enfants : cet ennemi a pour nom la radioactivité.
Le secret défense reste toujours d’actualité
À mesure que les décennies passent, la vérité commence à émerger, malgré le silence officiel. Une Commission d’enquête de l’assemblée de la Polynésie française a révélé en février 2006 que les essais français n’ont pas été aussi “propres” que l’affirme le ministère de la Défense. En effet, elle a publié 25 rapports classés “secret-défense” démontrant que l’ensemble des îles et atolls habités a subi d’importantes retombées radioactives. Le secret défense reste aujourd’hui d’actualité.
Il est très clair que les conditions dans lesquelles se sont produites les expériences nucléaires ont eu des conséquences dramatiques sur la santé des humains présents sur les sites. Les mesures de sécurité mal jaugées et peu fiables, l’inégale répartition des moyens de protection d’un site à l’autre, l’absence de suivi médical, la désinformation, laissent un goût amer aux vétérans de l’époque.
Les séquelles, elles, ne relèvent plus du secret : elles se lisent dans les corps et les destins de milliers d’hommes et de femmes. Ce sont plus de 150 000 hommes et femmes qui ont été impactés, à court et moyens termes, par de terribles maladies, cancer, leucémie, maladie de la peau, maladies cardiaques, etc. Beaucoup, nous ont déjà quittés et ne sont plus là pour témoigner, pour certains ce sont leurs veuves, ou leurs enfants, qui reprennent le flambeau pour qu’ils ne soient pas morts pour rien, d’autres continuent de se battre avec obstination contre la maladie.
Réparer les erreurs du passé
Face à ce silence d’État, des voix s’élèvent. Françoise Grelier, présidente de l’Association des Vétérans des Essais Nucléaires : « Notre association mène un difficile combat, un combat de vérité, de justice et de transmission. Fondée en 2001, elle a pour vocation de défendre les droits des victimes, de sensibiliser l’opinion publique aux conséquences de ces essais et d’obtenir une reconnaissance officielle ainsi qu’une indemnisation pour les personnes touchées et leurs familles. »
Le titre de combattant pour les Vétérans
Aujourd’hui encore, la quête de reconnaissance demeure. Parmi les revendications de l’Association, le titre de Combattant pour les vétérans, car, sans une arme à la main, ils ont été sous la menace nucléaire.
L’AVEN tenait son congrès national ce weekend à Najac dans l’Aveyron, si ce n’est pas encore une association d’anciens combattants, elle a aussi ses héros, ses morts, ses veuves et ses orphelins.
Crédit photo : Pixabay
Pour ne rien manquer de nos prochaines publications, n’hésitez pas à vous abonner à notre page Facebook.
📩 Pour recevoir les articles par E-mail Inscrivez-vous