Lundi dernier, les pelleteuses ont mordu la poussière rue Jean-Jaurès. Après des années d’attente, la « friche Poult » n’est plus un décor figé : la démolition a officiellement commencé. Un pas décisif dans la transformation du quartier Villebourbon, longtemps en quête d’un second souffle.
Un chantier symbolique pour Villebourbon
Derrière les palissades métalliques, c’est un pan de la mémoire industrielle montalbanaise qui s’efface peu à peu. L’ancienne biscuiterie Poult, fermée depuis plus de dix ans, s’apprête à céder la place à un nouveau projet de revitalisation urbaine porté par le Grand Montauban.
Les travaux de démolition ont débuté le lundi 6 octobre et s’étaleront sur sept mois. Un calendrier serré, orchestré au millimètre, avec une attention particulière à la sécurité du site et à la préservation de ses traces patrimoniales.
Avant de casser, on soigne
Pas question de foncer tête baissée. Avant même le premier coup de godet, le chantier a démarré par une série d’opérations minutieuses : curage, dépollution, désamiantage et déplombage.
Le tout encadré par des mesures environnementales strictes : des nichoirs et abris pour la faune locale ont été installés, notamment pour les chiroptères, ces petites chauves-souris souvent oubliées mais bien présentes dans le quartier.
Le chantier se découpe en plusieurs phases :
- Phase 1 : curage des bâtiments côté rues Jean-Jaurès et Ferdinand-Buisson, dépollution à l’angle Baptiste-Marcet / avenue de Mayenne ;
- Phase 2 : on inverse les rôles — dépollution des premiers bâtiments curés, puis curage des autres ;
- Phases 3 et 4 : démolition pure et simple, tout en préservant les éléments à sauvegarder.
Sauver l’âme du lieu
Car tout ne sera pas rasé. La façade historique du magasin Poult, avenue de Mayenne, sera préservée et consolidée, tout comme la passerelle de jonction entre le magasin et la maison Poult, emblématique silhouette du site. Les grands arbres, eux, sont conservés dans leur quasi-totalité.
Le chantier se veut exemplaire jusque dans le recyclage : les matériaux issus de la démolition seront reconditionnés sur place pour combler les caves existantes ou aménager des talus périphériques destinés à sécuriser le terrain. Une couche de terre végétalisée viendra ensuite adoucir le paysage.
Une friche qui se transforme, pas qui disparaît
Le projet ne s’arrête pas à la pelleteuse : une zone de stationnement provisoire de 1 200 m² sera aménagée à l’angle des rues Jean-Jaurès et Ferdinand-Buisson, afin de compenser les gênes du chantier.
Montant total de l’opération : 1,5 million d’euros TTC — dont 1,3 million pour les travaux et le reste pour les diagnostics et études préalables (pollution, environnement, matériaux, écologie).
Un financement partagé
La Ville et le Grand Montauban n’assument pas seuls la facture. Deux partenaires institutionnels sont sollicités pour cofinancer l’opération :
- L’État, via le Fonds vert – recyclage foncier, à hauteur de 40 %,
- La Région Occitanie, dans le cadre du dispositif Reconquête des friches, également pour 40 %.
Autrement dit, un chantier local soutenu par des leviers nationaux, symbole d’une reconversion plus verte et plus durable.
Les riverains, entre curiosité et inquiétude
Dans les rues avoisinantes, on observe, on commente, on s’interroge. Certains habitants redoutent les nuisances : bruit, poussière, circulation des camions. Le Grand Montauban se veut rassurant : « Tout sera mis en œuvre pour minimiser la gêne », promet la collectivité.
Mais pour beaucoup, c’est une page qui se tourne, non sans émotion. La friche Poult, avec ses murs effrités et son odeur d’usine oubliée, faisait partie du paysage de Villebourbon. Elle incarnait un passé aujourd’hui révolu, mais jamais renié.
D’ici à quelques mois, le site retrouvera une nouvelle vie — plus verte, plus ouverte, plus ancrée dans son époque. En attendant, les marteaux-piqueurs chantent, les pelleteuses s’activent, et la friche Poult, peu à peu, tourne la page pour laisser place à un nouveau paysage urbain.
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