Tarn‑et‑Garonne — On pénètre dans la salle de l’hôtellerie Sainte‑Foy comme on franchirait le seuil d’une médina : un souffle chaud, presque palpable, transporte d’emblée le visiteur à quelques milliers de kilomètres du côté d’Alger ou de Biskra. Soixante‑dix tableaux et gravures – du cabinet au grand format – y déploient une vision tout à la fois documentée et fantasmée de l’Orient, révélée par la remarquable collection de Monsieur Forzy Aimery.
L’invitation au voyage avec l’exposition orientaliste
Réunissant une quinzaine d’artistes européens – et un peintre algérien –, l’exposition se structure comme un itinéraire en deux temps : au rez‑de‑chaussée, « la vie quotidienne » et les portraits ; à l’étage, une halte à la Villa Abd‑el‑Tif, cette « Médicis algérienne » qui, dès 1907, accueillit des lauréats français avides de croquer le désert et le littoral nord‑africain. Un parti pris assumé par Loïc Lepreux, responsable du patrimoine, qui a resserré la sélection autour de l’Algérie « pour lui donner une unité ».
L’éclat d’une histoire partagée
« Nous voulons raconter une histoire commune, celle qui relie les deux rives de la Méditerranée », souligne le maire Romain Lopez lors de l’inauguration, saluant au passage le collectionneur et sa famille. Le frère du propriétaire se souvient de leur père, « très dévoué aux rapatriés et à ceux de là‑bas », donnant au projet un supplément d’âme. L’initiative – impulsée par Sophie Lopez au service Culture et montée main dans la main avec l’équipe patrimoine – s’inscrit dans une stratégie plus large : retenir touristes et Moissagais quelques heures de plus en leur offrant des expositions gratuites et accessibles.






Entre soleil et poussière d’or : voyage en Orient à l’hôtellerie Sainte-Foy
Le fil rouge ? La lumière et les couleurs. Qu’il s’agisse des portraits baignés d’un halo blond ou de la vibrante Princesse verte, chaque toile restitue cette clarté safranée que les orientalistes tenaient pour l’autre soleil, celui qui rend les ombres violettes et les murs presque liquides. Aux premiers regards, les visiteurs ne s’y trompent pas : « On sent le soleil », souffle Jacqueline, le regard accroché à un paysage. « Je viens de ce pays, je retrouve son parfum », confie Alain, visiblement ému et agréablement surpris de la richesse de la collection présentée. Parmi les signatures, Antoine Gadan, Paul-Émile Dubois et tant d’autres.
Les coulisses d’un accrochage millimétré
Trois jours auront été nécessaires à Loïc Lepreux et à son collègue Philippe Carriol pour « constater l’état, vérifier les listes, rédiger les cartels puis ajuster les accroches ». Un ballet discret, à la croisée de la logistique et de la scénographie, qui permet aujourd’hui au public de naviguer librement d’un portrait à une place d’Alger écrasée de soleil.
Une exposition « hors norme »
Entre hommage patrimonial et invitation au voyage intérieur, cette Exposition orientaliste rappelle surtout qu’aucun cliché ne résiste à l’émotion de la matière : les voiles se froissent, les cuivres réverbèrent, la poussière se fait or. Une dame résume l’avis général d’une phrase simple : « C’est une exposition hors norme. »
Gratuite et ouverte du mardi au samedi, de 10 h 30 à 13 h puis de 15 h à 18 h 30, elle installe jusqu’à la fin de l’été une oasis chromatique au cœur de Moissac – pour peu que l’on accepte de franchir le seuil.
Pour ne rien manquer de nos prochaines publications, n’hésitez pas à vous abonner à notre page Facebook.