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La situation de l’hôpital de Moissac continue de susciter des tensions politiques et des interrogations sur l’avenir des soins de proximité dans le Tarn-et-Garonne. Après le retrait du soutien financier de la région Occitanie, c’est désormais le conseil départemental qui refuse d’accorder une aide à l’établissement. Le maire de Moissac, Romain Lopez, ne mâche pas ses mots pour dénoncer ce qu’il qualifie de décision « politicienne » et appelle à une mobilisation générale pour sauver l’hôpital.
Un refus « politicien » selon le maire
Interrogé sur le refus du conseil départemental, Romain Lopez n’y va pas par quatre chemins : « Le refus du Conseil départemental est clairement « politicien ». Si j’avais été radical ou socialiste, évidemment que la subvention en faveur de l’hôpital aurait été accordée. » Le maire révèle même que des élus de la majorité se sont confiés à un élu LR de l’opposition en affirmant que si « Lopez avait été de gauche », l’aide aurait été acceptée.
Romain Lopez : « la gauche trahit ses valeurs en refusant d’aider l’hôpital »
Il dénonce également les attaques de Valérie Rabault, députée socialiste, qui a accusé un élu de gauche d’avoir « pactisé avec l’extrême-droite » pour avoir soutenu sa proposition. « C’est plutôt la gauche qui trahit ses valeurs en refusant d’aider l’hôpital de Castel-Moissac, qui bénéficie à des personnes fragiles et souvent de revenus modestes. La santé ne se politise pas ! », lance-t-il.
Le président du conseil départemental, Michel Weill, justifie ce refus en arguant que ce type de financement ne relève pas de la compétence du Département. Un argument que balaye Romain Lopez : « Le Département intervient dans le domaine de la santé pour aider à la construction de centres et maisons de santé. Or, ces structures ne seront viables que si le Tarn-et-Garonne est doté d’hôpitaux performants. » Il rappelle par ailleurs que le Département finance régulièrement des projets hors de ses compétences obligatoires, comme la culture, le sport ou l’environnement. « La majorité PS-PRG a bien versé 450 000 euros pour la modernisation du stade de Sapiac. Ce n’est pourtant pas de sa compétence obligatoire, mais pour ce projet, ils ont su utiliser notre argent public », souligne-t-il.
La région Occitanie également pointée du doigt
Le maire de Moissac ne ménage pas non plus la région Occitanie, présidée par Carole Delga, qui a également refusé de subventionner les travaux de l’hôpital. « Le budget du Conseil régional avoisine les 4 milliards d’euros. J’ai fait débloquer 100 000 euros par la Ville de Moissac, alors que notre budget communal est d’environ 23 millions d’euros (investissement + fonctionnement). Mais Carole Delga préfère verser des centaines de milliers d’euros en faveur d’associations qui aident les clandestins (ex : la Cimade ou SOS Méditerranée) ou à des lobbys bobo-écolos qui font la chasse aux agriculteurs », déplore-t-il.
Qui doit financer la modernisation de l’hôpital de Moissac ?
Pour Romain Lopez, le premier financeur doit être l’État. « La santé est une compétence avant tout régalienne. L’État participe déjà à hauteur de quatre millions d’euros via l’ARS, mais cela ne suffit pas. Le Département et la Région, qui interviennent sur la santé, auraient dû y participer. » Il regrette par ailleurs le manque de solidarité des autres collectivités locales. « Moissac est la seule commune à avoir voté une subvention. La communauté des communes Terres des Confluences va verser 150 000 euros, mais les autres communautés du bassin de santé, comme les Deux-Rives, la Lomagne tarn-et-garonnaise et le Pays de Serres en Quercy, ne verseront pas un seul euro. Elles sont toutes à la botte de M. Baylet », dénonce-t-il.
L’hôpital de Moissac est-il en danger ?
Si Romain Lopez se veut rassurant sur l’avenir immédiat de l’hôpital, il insiste sur l’urgence de moderniser l’établissement, en particulier le bloc opératoire. « Un hôpital moderne est un établissement attractif qui attire des chirurgiens et médecins, diversifiant ainsi son offre médicale et donc ses recettes. Cela crée un cercle vertueux », explique-t-il. Il met également en garde contre la gouvernance hospitalière de territoire (GHT), dirigée par le CH de Montauban. « Montauban est le pôle sanitaire du Tarn-et-Garonne, mais il ne doit pas vampiriser l’offre médicale. La complémentarité entre les hôpitaux du département doit être équilibrée. »
« Les collectivités du bassin de santé auraient pu y apporter une subvention symbolique »
Face à ce désengagement généralisé, Romain Lopez appelle à une mobilisation de tous les acteurs locaux. Selon lui, les collectivités du bassin de santé, qui comptent parmi leurs administrés les premiers usagers de l’hôpital, auraient dû s’impliquer financièrement. Elles « auraient pu y apporter une subvention symbolique, car leurs administrés sont les premiers usagers », souligne-t-il. Une telle participation, même modeste, aurait témoigné d’une solidarité collective, essentielle pour préserver un service public vital pour la santé des habitants.
Alors que les tensions politiques continuent de fragiliser l’avenir de l’hôpital de Moissac, une question demeure : les élus parviendront-ils à dépasser leurs divergences pour préserver ce service public de santé, indispensable à un bassin de vie de plus de 80 000 habitants ?
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