Pousser la porte de la boutique est déjà un choix. Il y en a deux, alors on hésite : y a-t-il deux entrées ? Une entrée et une sortie ? Laquelle prendre ? Peu importe. Une fois le seuil franchi, une bonne odeur de livres et d’encre fraîche nous replonge dans les librairies de notre enfance. Celles où notre grand-mère nous emmenait acheter la dernière bande dessinée à la mode, avec le secret espoir de nous donner le goût de la lecture.
Des livres partout. Un capharnaüm, pourrait penser le visiteur profane. Mais pas du tout. Chaque ouvrage est classé, rangé, ordonné avec soin. Et si vous avez un doute, demandez un livre au hasard à la maîtresse des lieux, Caroline Berthelot. Elle vous y mènera tout droit. Mais pas seulement : il y a de grandes chances qu’elle l’ait lu. Elle pourra donc vous en parler, vous conseiller… et ça, c’est inestimable. Allez donc demander ça aux plateformes en ligne !
Un dinosaure de la culture montalbanaise
La librairie La Femme Renard est une institution à Montauban. Un dinosaure de la culture locale, qui se bat pour continuer d’exister face à la concurrence en ligne. Alors, quand arrive la période des prix littéraires, Caroline retrouve le sourire. « C’est une période à la fois stimulante, parce qu’on peut parler avec les lecteurs des titres que l’on a aimés, mais quand la caution d’un prix tombe, ce petit plus est stimulant. » Retrouve le sourire, disions-nous ? Pas vraiment. Elle l’a toujours. Disons plutôt qu’il s’élargit encore un peu.
Le Goncourt, la valeur sûre des prix littéraires
Si le prix Goncourt reste la valeur sûre des prix littéraires, c’est celui qui est le plus offert. Mais certaines années, d’autres prix peuvent tirer leur épingle du jeu, pour des questions de thèmes ou de titre plus porteur.
Si Caroline ne connait pas tous ses clients, elle en connait beaucoup et peut les conseiller en fonction des thématiques qui sont abordées. « Cette année le Fémina, c’est un texte qui est extraordinaire. Il parle du féminicide. Il y a des gens pour qui ce sera plus difficile de l’acheter pour l’offrir, mais on est là aussi pour dire que le texte est exceptionnel. On conseille de le lire, de le transmettre, de le partager. »
Quand le bandeau rouge change tout
Pour l’instant, la librairie n’a pas encore reçu le fameux bandeau rouge du Goncourt. Mais Caroline reconnaît volontiers que le bandeau fait la différence « Depuis mardi 13 h que le Goncourt est tombé les gens se sont précipités à la librairie pour acheter le livre de Laurent Mauvinier. On en avait pour ceux qui le veulaient tout de suite, qui voulaient le lire ou qui hésitaient… Il fait 750 pages, mais vu qu’il a le Goncourt, ça va être vraiment un bon livre, là ils le prennent. Et puis, on a aussi des clients qui nous réservent la petite bande rouge ! »
Cette saison des prix est très importante pour la librairie puisqu’elle lui permet de booster ses ventes et attirer de nouveaux lecteurs. « Un Goncourt peut se vendre jusqu’à 300 exemplaires sur une période courte » , confie-t-elle.
« On a des clients qui nous sont fidèles »
Et quand on lui parle de la concurrence des ventes en ligne, Caroline sourit : « On a des clients qui nous sont fidèles, qui nous connaissent et qu’on connait, on a des clients qui sont attachés aux commerces indépendants et ça compte. »
Mais ce que recherchent avant tout les habitués de La Femme Renard, c’est le conseil, le contact, l’échange. « Nous avons plein de gens qui sont juste passés hier pour nous dire : « Vous devez être contente ! Et moi, je suis content aussi, car je l’ai acheté. Et du coup, on échange sur nos impressions de lecteur. » Quelque chose qu’ils ne peuvent pas faire avec la machine. »
Alors si vous avez encore la tentation d’aller acheter vos livres sur internet, sachez que vous perdez quelque chose d’inestimable : le contact humain. A l’heure de la dématérialisation, de la déshumanisation de la société, votre libraire reste un des derniers bastions d’humanité. Ne le laissez pas perdre.
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