Montauban en deuil : le régiment perd l’un des siens, le caporal-chef Assani Ali Saïd

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Portrait du caporal-chef Assani Ali Saïd, soldat du 9e RSAM de Montauban
Le caporal-chef Assani Ali Saïd, militaire du 9e régiment de soutien aéromobile.
natura-baies.com

Mardi après-midi, le 9e régiment de soutien aéromobile a été frappé de plein fouet par une nouvelle que personne n’aurait voulu entendre. Dans la cour de la caserne, mercredi matin, le silence pesait lourd. Alignés, soldats et personnels civils ont écouté, le cœur serré, les mots graves de leur chef de corps.

Le caporal-chef de première classe Assani Ali Saïd est décédé en service, victime d’un arrêt cardiaque alors qu’il montait la garde sur l’aérodrome. Ses camarades ont tout tenté, les secours se sont relayés sans relâche, mais rien n’a pu le ramener.

Un soldat, un pompier, un frère d’armes

Né le 27 décembre 1982 à Chiconi, à Mayotte, Assani Ali Saïd avait 42 ans. Vingt années au service de l’armée, dont sept passées à Montauban, au 9e RSAM. Sept opérations extérieures. Autant dire une vie marquée du sceau de l’engagement.

Mais réduire son parcours à ses galons serait injuste. Car caporal-chef Ali Saïd n’était pas seulement un militaire exemplaire. Il était aussi pompier volontaire au SDIS et bénévole à la sécurité civile. Toujours en première ligne quand il s’agissait d’aider, d’apprendre, de transmettre. Un « grand frère » pour les jeunes recrues, qui voyait dans la transmission du savoir-faire un devoir aussi sacré que la garde du drapeau.

Un modèle pour ses camarades

Le chef de corps n’a pas mâché ses mots ce matin : ses compétences, ses qualités humaines, son rôle bienveillant de parrain pour les plus jeunes n’étaient plus à démontrer.

Cet attachement au régiment, Assani l’avait prouvé encore récemment en acceptant la fonction de président des engagés volontaires. Une manière de porter la voix des plus jeunes, de s’assurer que chacun trouve sa place.

Une perte qui dépasse les murs de la caserne

La nouvelle a rapidement dépassé le cercle militaire. À la caserne, un lieu de recueillement est ouvert dès mercredi, près de l’ETCM. Un livre du souvenir permettra à tous de laisser un mot, une anecdote, une pensée.

Son épouse et sa famille, à qui l’armée de Terre promet un soutien sans faille, affrontent aujourd’hui une douleur incommensurable. Le chef de corps a rappelé devant ses hommes : « La fraternité d’armes n’est pas un vain mot. »

La fraternité militaire à Montauban : un lien entre générations

Le décès d’Assani Ali Saïd vient rappeler, dans la douleur, ce qui soude les soldats bien au-delà des galons : la fraternité. À Montauban, cette fraternité se vit chaque jour dans les régiments, du 9e RSAM au 17e RGP, du 31e régiment du génie aux unités de passage. Elle se transmet d’un ancien à une recrue, d’un caporal-chef aguerri à un jeune soldat qui signe son premier contrat.

Ces derniers mois encore, des jeunes de 18 à 21 ans ont franchi la porte du CIRFA montalbanais pour s’engager. Pour eux, l’armée est une nouvelle vie, faite de discipline, de camaraderie et de service du pays. Ils n’ont pas encore connu les longues gardes nocturnes, les départs précipités en opération, les liens noués dans l’adversité. Mais ils savent qu’en rejoignant l’uniforme, ils entrent dans une famille.

C’est cette famille que le caporal-chef Ali Saïd incarnait : celle qui veille les uns sur les autres, qui forme, qui corrige et qui protège. Celle qui, dans les épreuves, sait se rassembler autour d’un drapeau plié, d’un silence partagé, d’un livre du souvenir posé sur une table.

Montauban, une ville marquée par ses régiments et la mémoire des soldats

Dans une ville où le poids de l’histoire militaire est encore palpable, le décès d’un soldat en service n’est jamais un événement isolé. Il résonne comme un rappel collectif. Montauban vit au rythme de ses régiments : cérémonies, départs en OPEX, hommages, fêtes de l’Armée de Terre. Les habitants croisent chaque jour ces visages en treillis qui partagent leurs vies entre la caserne et la cité.

La fraternité militaire, ici, n’est pas qu’un mot solennel prononcé lors d’un discours. Elle se vit dans les moments heureux comme dans les drames, dans les entraînements quotidiens comme dans les engagements à l’autre bout du monde. Elle se vit aussi dans les engagements civils, quand un militaire, comme le caporal-chef, décide de donner de son temps aux pompiers ou à la sécurité civile.

Un héritage pour les jeunes recrues

Le parcours d’Assani Ali Saïd rappelle aux plus jeunes que l’uniforme est plus qu’un métier : c’est une école de vie. Ceux qui, ce lundi encore, signaient leur premier contrat au CIRFA, mesurent peut-être aujourd’hui la force de cet héritage. Ils savent que le choix qu’ils font n’est pas seulement personnel, mais qu’il les lie à des milliers de frères et sœurs d’armes.

Et si chaque départ, chaque décès, laisse une cicatrice, il laisse aussi une trace durable : celle de la solidarité. La cohésion d’un régiment, c’est ce ciment invisible qui fait tenir debout, même quand la douleur frappe.

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Emilie BOTTIN
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