Le 17e RGP se prépare aux exigences du combat moderne

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Crédit photos 17e RGP
natura-baies.com

Le jour n’est pas encore levé. Dans la fraîcheur matinale, une fine rosée enveloppe le paysage d’une humidité légère. Sous une large bâche de camouflage, le colonel Akil, chef de corps du 17ᵉ Régiment du Génie Parachutiste de Montauban, scrute attentivement une grande carte déployée sur une table.

S’il connaît bien le camp de Caylus, cette mission dans l’Ain constitue, pour lui et pour ses troupes, une véritable découverte. Une ride de contrariété barre soudain son front. À ses côtés, les membres de son état-major se taisent. La tension est palpable. Chacun a déjà donné son avis, argumenté du mieux possible. Désormais, la réussite de l’opération repose sur la décision du chef. La réussite de la mission va dépendre du choix qui sera fait.

L’imprévu : une zone minée

L’assaut prévu va devoir être retardé. Le groupe de commandos parachutistes, parachuté discrètement la veille, de nuit, derrière les lignes ennemies, vient de signaler une vaste zone de mines sur l’itinéraire prévu pour le passage des troupes d’assaut et de leurs véhicules blindés.

Les plongeurs de combat, infiltrés, eux aussi, par voie fluviale, confirment la menace et indiquent l’emplacement de la zone dangereuse. Leur travail en amont conditionne directement la réussite de la manœuvre. Dans un contexte de haute intensité, où la détection rapide de l’ennemi est déterminante, l’échelon de découverte permet au commandement de frapper juste et vite, tout en limitant les pertes et les risques pour les unités principales.

Les mines : ennemi invisible

Le colonel Akil le sait bien. Sur les champs de bataille actuels, ce qui tue le plus aujourd’hui, ce sont les mines. Devenues la menace principale, elles fixent l’adversaire et ouvrent la voie à l’action de l’artillerie. Dans une guerre de haute intensité, elles peuvent avoir des effets dévastateurs.

Deux solutions s’offrent à lui : contourner l’obstacle, ou envoyer l’équipe de démineurs. Le choix est vite arrêté. Immédiatement, les équipes EOD (Elément opérationnel de déminage et dépollution) du 17ᵉ RGP se rendent sur le site pour mener une opération de repérage et de destruction d’engins.

Les démineurs à l’œuvre

Les spécialistes avancent lentement. Chacun sait exactement ce qu’il a à faire. Cela fait des mois qu’ils s’entrainent ensemble, ils connaissent par cœur les procédures de sécurité strictes, propres à la doctrine du génie. Le poids des responsabilités pèse sur leurs épaules. De la qualité de leur travail dépendra la survie de leurs camarades et la réussite de la mission, mais ils savent également que la moindre erreur peut leur être fatale.

Les mines représentent aujourd’hui un danger majeur, tant pour les armées que les populations civiles. Leur utilisation massive dans plusieurs zones de conflit contemporaines démontre la persistance de cette menace, qui entrave la liberté de manœuvre et rend les terrains durablement dangereux, même après la fin des combats. Les soldats avancent prudemment, détecteur en main. Au moindre signe, le groupe s’immobilise. Il ne leur faudra que quelques heures pour sécuriser la zone, mais ces quelques heures auront peut-être permis à l’ennemi de se réorganiser.

La tension du combat urbain

Le jour s’est maintenant levé. Les troupes progressent en secteur libre. Les civils qui se rendent au travail regardent surpris, parfois inquiets, souvent admiratifs, ces militaires lourdement chargés, armes en main, qui progressent en ligne, méthodiquement, longeant les murs, rasant les haies, pour éviter de se faire repérer.

Soudain, un accrochage éclate. Des snipeurs, postés sur un toit, prennent à partie les soldats qui se déploient et ripostent rapidement pour éliminer la menace. Des tirs saccadés d’armes automatiques se font entendre, le bruit sourd des grenades qui explosent, poussant les habitants aux fenêtres, mais prudemment abrités derrière les rideaux tirés, on ne sait jamais. Cette phase de combat urbain rend la mission plus complexe, mais les hommes et les femmes du 17 sont bien préparés. Ce genre d’opération a été répétée des dizaines de fois du côté du camp militaire de Caylus. C’est un travail d’équipe dont dépendra la réussite de l’intervention, et la cohésion fait partie du management militaire. Chacun sait que, sans l’autre, il n’est rien.

Une armée en adaptation permanente

Dans un contexte mondial troublé, marqué par le retour des affrontements de haute intensité. La guerre en Ukraine a profondément transformé les modes d’action militaires, imposant une adaptation rapide des armées occidentales.

Le colonel Akil résume ainsi l’esprit de l’exercice : « Le scénario Malizia s’inscrit pleinement dans ce contexte. L’idée était de conduire un combat disséminé dans la profondeur, (en haute intensité, la concentration devient une vulnérabilité) et de s’entraîner face à un ennemi à parité. Nous avons travaillé sur le combat décentralisé en dispersant nos PC tactiques sur le terrain. Notre objectif : combattre dans la durée, tout en restant léger et agile. Nous nous réinventons pour nous adapter à l’évolution de la menace. »

Cinq jours d’entraînement intensif pour le 17ᵉ RGP

Au terme de cinq jours d’engagement continu, le 17ᵉ régiment du génie parachutiste a rempli ses objectifs d’entraînement. Il a pu tester sa capacité à se déployer loin de sa base, maintenir son autonomie opérationnelle et conduire des actions coordonnées dans un environnement complexe.
Pour la population, le passage du régiment a été l’occasion d’apercevoir, parfois pour la première fois, le professionnalisme et la rigueur des sapeurs-parachutistes.

L’exercice MALIZIA 2025 illustre pleinement la volonté de l’armée de Terre de préparer ses forces à la haute intensité, dans un monde où les conflits redeviennent plus durs, plus longs et plus technologiques.

Le colonel Akil pouvait être satisfait : « L’exercice a permis d’actualiser nos tactiques en privilégiant l’action sur les arrières, la spécialité des parachutistes et des sapeurs-para : frapper en profondeur pour perturber l’adversaire et reprendre l’initiative. »

 Le 17e RGP y a démontré ce qui fait sa force depuis plus de 75 ans : une capacité d’adaptation hors norme et une précision d’exécution à la hauteur des exigences du combat moderne.

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